auteur : John Grisham
édition : Audiolib
sortie : juillet 2015
genre : thriller
Promise à un bel avenir dans un grand cabinet d’avocats à New York, Samantha Kofer se voit renvoyée de son travail suite à la récession de 2008. Pour conserver ses avantages sociaux et avoir une minuscule chance de récupérer son poste un an après, elle se voit donner l’opportunité d’aller travailler gratuitement dans un bureau d’aide juridique à Brady, Virginie, au cœur des Appalaches. Là-bas, elle va découvrir véritablement le métier d’avocate, au contact des « vrais gens » du cru, de Mattie Wyatt, la directrice du centre juridique, ou encore de Donovan Gray, le neveu de celle-ci, jeune et brillant avocat qui mène une croisade contre les abus des sociétés minières dans la région.
C’est ce récit initiatique qui fait tout l’intérêt du nouveau thriller juridique de John Grisham, le maître incontesté du genre. Ce qui distingue ce roman de certains de ses plus connus – Le Client, La Firme, L’Affaire Pélican,… également célèbres par leurs adaptations cinématographiques – c’est que dans L’ombre de Gray Mountain, l’intrigue est multiple et les affaires et procès en tout genre se croisent et s’amoncellent dans un déroulé narratif qui prend comme fil d’Ariane le parcours de son héroïne et le regard en découverte de celle-ci sur un monde qu’elle connaît mal.
Toutes les affaires que se voit confier Samantha – du suivi d’un testament à la défense d’un mineur malade cherchant à obtenir ses indemnisations – ou celles dont elle est témoin – le procès dantesque qu’intente Donovan Gray à une grosse compagnie minière – sont développées de la même manière et prennent une importance similaire dans le cours du récit, de manière à ce que le lecteur s’intéresse autant à chacune d’entre elles. Ce tour de force confirme le talent de Grisham dans ce type particulier de littérature, ainsi que l’efficacité générale des histoires de procès, qu’ils soient petits ou grands.
Si le récit s’emballe dans son dernier tiers et vire au thriller plus conventionnel, fait de traques et de courses-poursuites, c’est bien sur le côté humain des affaires abordées et dans le propos général sur la défense des personnes et de l’environnement que le roman est le plus fort. On en vient même à pardonner les faiblesses et les raccourcis du début, dépeignant avec beaucoup de pathos et de complaisance la déchéance des « pauvres avocats et autres traders touchés de plein fouet pas la crise ». Cette mise en route aurait été indécente si le corps du livre n’avait pas justement été les effets de cette même crise sur l’autre versant de l’Amérique. Malgré tout, même cette partie-là n’est pas totalement exempte de défauts et verse parfois dans le manichéisme primaire ou le politiquement correct. Mais il faut finalement se rendre à l’évidence et accepter de marcher dans un récit au style efficace, mené tambour-battant par un écrivain malin comme un singe.
Dans cette version en Audiolib lue par Ingrid Donnadieu, la récitante interprète véritablement le texte en changeant de voix et d’intonations en fonction des personnages. Cette démarche donne un rendu assez clair dans la compréhension globale du récit mais a également ses limites, notamment dans l’interprétation des personnages masculins.