Ca y est, il est de retour. Le Grand, le Beau, l’Excellentissime, L’instant VHS ! Plus de rapport avec votre télé, les films n’y passent presque plus. Mais toujours le bonheur de reparler d’un film plus ancien, souvent culte, parfois oublié mais toujours intéressant à revoir. Si vous êtes vieux et que le dernier film que vous avez accepté de voir est Cléopâtre avec Elisabeth Taylor, si vous êtes trop jeunes et que pour vous le cinéma a commencé avec Harry Potter et Twilight, si vous êtes de la même génération que l’auteur et que vous souhaitez revoir ces films cultes qu’on oublie parfois, cette rubrique est faite pour vous. Sinon, il y a sûrement le nouvel épisode de Game of Thrones qui vient de sortir …
John Kimble est un flic aux méthodes expéditives qui cherche à coincer Cullen Crisp depuis des années. Suite à l’arrestation d’un couple de témoins, il arrive à le faire coffrer et apprend que son ex-femme et son fils se sont réfugiés dans une petite ville. Kimble et sa collègue Phoebe O’Hara s’y rendent pour infiltrer l’école maternelle et retrouver l’enfant de Crisp qu’ils n’ont pas réussi à identifier. Phoebe ayant une indigestion, c’est Kimble qui va se présenter à l’école pour être instituteur de maternelle et tenter de trouver des indices. Il va vite se rendre compte que son expérience avec les pires criminels ne l’avait pas préparé à affronter une vingtaine d’enfants en bas âge…
Schwarzy a dès ses débuts à Hollywood expérimenté la comédie dans Hercule à New York ou Cactus Jack, mais c’est surtout à partir des Jumeaux et sa rencontre avec Ivan Reitman, que l’Autrichien réussit vraiment son passage dans l’humour et manifeste un goût certain de jouer avec son image. Schwarzenegger et Reitman sont déjà des stars, le premier sort d’une série de films violents qui ont fait sa renommée (Terminator, Predator, Commando, Conan le Barbare) tandis que l’autre a gagné ses galons avec la saga SOS Fantômes.
Si Les Jumeaux signe leur rencontre et leur premier succès comique, c’est bien dans Un flic à la maternelle que tout le talent de Schwarzenegger pour l’auto-parodie est exploité. On retrouvera cet humour particulier dans Last Action Hero ou True Lies (très bon remake du mauvais film La Totale de Claude Zidi) ou en partie dans Terminator 2 dans sa relation avec le personnage incarné par Edward Furlong. Inclure de si jeunes enfants à l’histoire d’Un flic à la maternelle, scelle aussi définitivement son statut de film culte.
Si le point fort de ce long-métrage est bien sûr les caractères bien trempés de ces bambins, d’autres situations sont énormes. On pense au premier quart d’heure, qui fait littéralement penser à un film d’action traditionnel dans sa mise en place, avant de totalement changer de style (Arnold chantant Old MacDonald has a farm) et revenir tout à la fin au film d’action. Et bien sûr, on adore voir le gros bras se faire dépasser par les évènements et changer de caractère au fur et à mesure du film.
Malgré tout, la façon dont Kimble reprend les choses en mains (à coups de sifflets et de marches militaires), bien que drôle, reste tout de même moralement étrange pour des gamins de cet âge. Et le film n’évite pas certaines caricatures et un affaiblissement de l’intrigue dans sa dernière partie.
Mais quelles conséquences a eu ce film ?
Tout d’abord, il a permis à son acteur principal de se rendre bien plus sympathique auprès du public, de jouer avec son image et de faire en sorte qu’on ne voit plus que le gros bras de ses débuts. Ses films suivants contribueront aussi à lui donner une image plus sympathique de héros au grand cœur (hormis Batman et Robin où il joue un méchant) plus adoré du public (que le sanguinaire Conan, Terminator ou soldat dans Predator). Conclusion de tout ça ? Il finira tout de même gouverneur de Californie.
Ensuite, il a montré la voie à d’autres messieurs muscles dont l’héritier le plus probable est Dwayne « The Rock » Johnson, ancien catcheur, arrivé dans le cinéma pour ses biceps et devenu un sympathique « papa gros bras » qui joue la carte de la bonne humeur dans des comédies pour et avec des enfants comme Maxi Papa ou Fée malgré lui. Il a aussi joué une adaptation d’Hercule sur un ton humoristique. La boucle est bouclée ?
Mais la pire des conséquences est bien sûr l’apparition en Direct to Video d’une sequel avec Dolph Lundgren dans le rôle-titre, sobrement intitulée : Un flic à la maternelle 2 (ou Kindergarten Cop 2 en référence au titre original de la série). Comme prévu, rien ne fonctionne, tout ou presque est à jeter. On a l’impression de découvrir un vieux téléfilm américain des années 90 où les protagonistes auraient un smartphone.
En définitive, si le film a parfois été un peu oublié, il reste néanmoins cultissime et permet de montrer un Arnold Schwarzenegger à l’aise dans le registre humoristique au contraire d’un Sylvester Stallone qui n’a jamais réussi à s’y imposer. Pour ceux qui ne connaissent pas ou qui l’avait oublié, il est temps de le revoir, les passages entre le héros et les enfants n’ont pas pris une ride (les scènes d’action un peu plus). Oubliez par contre la suite dégueulasse qu’on essaye de nous faire acheter en DVD depuis ce mois de mai. Si vous voulez du neuf, tournez-vous plutôt vers les comédies de Dwayne Johnson qui réussit à se rendre assez drôle dans des productions pas trop vilaines (Maxi Papa en tête de gondole).
Si tout ceci ne vous a pas convaincu, il y a bien un cuisiner méchant, une série télé avec Hodor ou une télé-réalité débilisante à regarder sur votre plus bel écran télé. Mais ne serait-ce pas gâcher un si beau téléviseur ?
Pour apprendre quelque chose d’intéressant : dans le film, le personnage de Kimble parle de ses origines autrichiennes et de son père qui était flic, ce qui était totalement autobiographique pour Arnold Schwarzenegger.
Juste pour ne pas mourir idiot : le film est tourné dans la même ville que Les Goonies de Steven Spielberg, sorti 5 ans auparavant.