Photo : © Robert Bui
Texte de Camille de Toledo, mise en scène de Pascal Crochet avec Adlaïde Huet, Alizée Larsimont, Anton Kouzemin, Boriana Todorova, Brice Mariaule, François Maquet, Gaëlle Gillis, Mathieu Hanin, Michel Collige
Du 2 octobre au 11 octobre 2014 à 20h00 au Théâtre de la Vie
Vous savez cette inquiétude, ce malaise, cette torpeur, ce sentiment troublé de chute abyssale, ce qui caractérise l’Homme dans sa faille et dans son identité, parfois. Cette inquiétude du vingt-et-unième siècle, héritée des soubresauts du siècle précédent. C’est tout cela et plus encore que L’inquiétude d’être au monde évoque et dissèque. Neuf comédiens sur scène, neuf comédiens sortis du Conservatoire Royal de Mons et une même dynamique, un texte fort et émouvant scindé en tronçons que tous se partagent. Un même sentiment perçu et décuplé en tranches, une même frénésie. Autour du projet, l’affect : un texte que les neuf jeunes comédiens se sont approprié, un texte qu’ils portent comme un étendard de cette génération à laquelle ils appartiennent, de cette génération qui s’inquiète. Une réflexion sociétale dont beaucoup de peur et de pessimisme s’échappent mais une réflexion pertinente sur la résistance et, peut-être, l’espoir de voir se dissoudre l’inquiétude.
Des mots de Camille de Toledo, il y en a qui s’éclatent sur les murs, d’autres qui foudroient ou bien font froncer les sourcils. Il y aussi des mots qui restent pendus au bout des lèvres, pendus au bout des yeux. Dans cette pièce, on est attentif car on veut comprendre comment perce l’inquiétude, où elle se faufile, ce qu’elle produit. Et, entre les mots, des interludes musicaux chorégraphiés magnifiques : ce sont les corps qui s’agitent les uns à côté des autres ; comme un ballet aux sonorités de folie névrotique, psychotique, une gestuelle de transe qui vous foudroie mais d’une exactitude déroutante. Il y a beaucoup d’énergie dans ce projet, on sent bien que la cause réunit les neuf comédiens dans une même recherche artistique. Et, alors qu’ils nous observent, alors qu’ils nous percent de leurs regards juvéniles, alors qu’ils nous interpellent sans forcément tout nous dire, on se questionne. Aussi.