scénario : Eric Warnauts
dessin : Guy Raives
éditions : Le Lombard
sortie : février 2015
genre : Aventure, historique
L’innocente est une réédition d’une des premières bandes dessinées de Warnauts et Raives sortie dans les années 90. C’est un timing parfait puisque ce one shot s’insère parfaitement dans leur saga actuelle Après-Guerre. En effet, l’héroïne de L’innocente, Nina, est également présente dans cette dernière.
Allemagne, 1945. Sentant la chute toute proche du régime Nazi, Nina décide de quitter son centre de formation pour jeunes filles allemandes pour rejoindre sa tante à Berlin. Profitant de son physique androgyne, elle se déguise en garçon.
A l’arrivée de l’armée américaine, les GI la recrute comme traducteur. On va suivre son parcours jusqu’à Berlin ainsi que son installation dans la ville jusqu’au procès de Nuremberg. Cet ouvrage nous conte la chute du Troisième Reich tout en suivant la vie d’une adolescente devenue une femme face aux ravages de la guerre.
Comment se construire sur un monde détruit ? Doit-on endosser la responsabilité de nos parents face aux erreurs qu’ils ont commises? Voilà les deux principales lignes directrices de cette bande dessinée au goût amer. A travers ce voyage, Nina souffre autant que cette Allemagne en reconstruction où chacun veut sa part. Notre héroïne ne saura pas comment se positionner autant politiquement que sexuellement. Elle se cherchera en permanence portant sur ses épaules une culpabilité qui n’est pas la sienne.
Le scénario de Warnauts et Raives est très acide. Il a comme une odeur de douleur et de désespoir. Et c’est en cela que leur récit est terriblement honnête. Ils ne cherchent pas à enjoliver la situation. Ils placent les faits dans un contexte historique où personne n’est blanc comme neige. Chacun porte son fardeau et tente d’avancer comme il peut.
En ce qui concerne le dessin et la mise en couleur, le mot qui convient est élégant. Raives a un style classique assumé. Pour cette réédition, les auteurs ont tout recolorisé et relettré. Cette colorisation est magnifique. Les couleurs sont naturelles et retranscrivent parfaitement les différentes ambiances du récit.
En conclusion, découvrez ou redécouvrez sans hésiter ce bel ouvrage. Ces personnages ballotés par l’Histoire ne peuvent que vous émouvoir. Le seul risque : vous réclamerez sans aucun doute une suite qui ne viendra peut-être jamais.