L’humour à mort (Je suis Charlie)
d’Emmanuel et Daniel Leconte
Documentaire
Avec Elisabeth Badinter, Gérard Biard, Cabu
Sorti le 16 décembre 2015
Le 7 janvier 2015, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo est victime d’une attaque terroriste qui coûte la vie à douze personnes dont les plus grands dessinateurs de presse français, Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et Honoré. Le lendemain, une policière est tuée dans la rue. Le 9 janvier, une nouvelle attaque vise des juifs de France où quatre otages sont assassinés. Ce film est un hommage à toutes ces victimes.
Est-il nécessaire de resituer le cadre dans lequel les menaces terroristes contre le journal Charlie Hebdo se sont précisées. On se souvient en effet de la couverture de l’hebdomadaire où l’on voit le prophète Mahomet se couvrir les yeux avec consternation devant les débordements intégristes de certains de ses fidèles ; le journal satirique lui prête alors cette illustre phrase « c’est dur d’être aimé par des cons ! ». Suivra une déferlante de critiques de la part du monde islamique, révolté, d’abord parce que l’on a pas le droit de dessiner le prophète mais surtout en regard de l’atteinte vécue par les musulmans. A fortiori, les intégristes y ont trouvé de quoi nourrir leur cause et de quoi alimenter leur haine face au monde occidental, face aux « croisés » comme ils disent.
Daniel Leconte, déjà précédemment auteur du documentaire C’est dur d’être aimé par des cons surfe visiblement sur la vague pour nous présenter ce second film. Au départ, nous sommes sans a priori, mais il est évident que la sortie de ce documentaire prend une toute autre dimension après les événements tragiques du 13 novembre 2015 à Paris.
Durant toute la projection, on ne fait finalement que revivre ce que l’on sait déjà. Daniel et Emmanuel Leconte reviennent sur ces jours difficiles avec parfois quelques détails macabres et sans intérêt, issus des survivants de Charlie Hebdo. Rien de nouveau, juste une succession d’interviews, d’images d’archives – provenant, entre autres, du premier documentaire – et de portraits des célèbres dessinateurs décédés.
Le film n’apporte pas grand chose que l’on ne sait déjà et de plus, on y oblitère, à l’instar des médias, la mémoire des autres victimes décédées : des anonymes, bien sûr, mais tous assassinés sans discernement.