Titre : L’hôtel
Auteur.ice : Daisy Johnson
Edition : Stock
Collection : La cosmopolite
Date de parution : 05 mars 2025
Genre du livre : Roman
Dans un dîner imaginaire ayant pour thématique la littérature d’horreur, Daisy Johnson partagerait sa table avec Stephen King, Howard Phillips Lovecraft, Edgar Allan Poe et Shirley Jackson. Après un premier roman finaliste du Man Booker Prize en 2018 et une seconde œuvre adaptée au cinéma, l’autrice anglaise nous propose une odyssée macabre dans un lieu propice à toutes les obsessions.
« Voici ce que l’on sait de l’hôtel :
Il est plus vaste au-dedans qu’au-dehors
N’allez pas dans la chambre 63
Les portes et les fenêtres changent parfois de place »
De la terre et des larmes
Tout commence par une exécution sur une terre d’angoisse et de mystère, suivie de la construction d’un hôtel hébergeant ce tourment surnaturel. Le roman est divisé en quatorze histoires liées à ce lieu. C’est par ces récits découpés et parfois décousus que se tisse la toile du récit.
C’est toute la puissance des romans atmosphériques qui sont capables de happer le lecteur dans un lieu, de l’enfermer dans une structure presque palpable. On y ressent le malaise, on verrait presque la couleur des murs défraîchis, nos perceptions sont stimulées et ce sont les sens en éveil que nous entrons progressivement dans les abysses.
L’ouvrage donne l’impression d’un huis clos pesant et angoissant. D’un côté, il y a l’hôtel, décrit comme une entité organique, intelligente, mouvante, une entité à part entière, et ses victimes, ses proies, ses visiteurs. Les différentes histoires se lisent comme un journal intime, on ressent une folie, une possession. La temporalité est nébuleuse, on ne sait plus qui est où et qui fait quoi. Tout ce que l’on sait, par contre, c’est que des personnes y disparaissent.
Du sang et des spectres
Pour les adeptes de tension et de malaise, vous trouverez dans cet ouvrage tout ce que vous êtes venus chercher. L’écriture de Daisy Johnson est parlée, présente à l’esprit, entêtante, comme une petite voix tapie dans l’ombre. L’hôtel se ressent comme une structure presque visqueuse ; une fois entré dans le lieu, il plante ses griffes dans l’esprit de ses victimes et les tourmente jusqu’à leur domicile.
Que ce soit dans la littérature ou dans le cinéma, l’hôtel a souvent été synonyme de passage, un lieu où l’on s’arrête et d’où l’on pourrait ne jamais repartir. Il y a dans cette notion une aura gothique à l’instar du corbeau d’Edgar Allan Poe : Nevermore. L’hôtel, qui abrite des mémoires passées, est un lieu hanté par excellence, témoin des passions les plus violentes et des confessions les plus secrètes.
« L’hôtel écoute tout ce que vous dites
L’hôtel guette
L’hôtel sait tout de vous »
Cette œuvre de Daisy Johnson se lit comme un songe, parfois opaque, souvent illogique, peuplé de mystères et de murs qui chuchotent.