L’homme qui voulait détruire le secret bancaire
de David Leloup
Documentaire
Sorti le 23 mars 2016
Le titre de ce documentaire, L’homme qui voulait détruire le secret bancaire, est probablement aussi long que le combat mené par son protagoniste Rudolf Elmer. Cet ex-banquier suisse est devenu le symbole de la lutte contre l’évasion fiscale lorsqu’il décide, en 2008, de fournir des informations précieuses sur le système des trusts bancaires dans les paradis fiscaux. Par le biais du site de Julian Assange, Wikileaks, l’homme était devenu un lanceur d’alerte et surtout, un homme à abattre. Menaces, intimidations et chantages faisaient désormais partie de son quotidien.
Suivi dans son combat légitime par la caméra du réalisateur belge David Leloup, Rudolf Elmer va expliquer à son interlocuteur muet la genèse de ses doutes, l’importance de ses découvertes, mais aussi les pressions qu’il a subies. Tel qu’il le décrit, le monde auquel il s’attaque, celui des banques suisses comme la Julius Bär, bénéficie d’une impunité quasi totale de par la position du pays sur l’échiquier économique mondial.
De fait, selon l’intéressé, la Suisse fait plus peur aux autres pays que les autres pays ne font peur à la Suisse. Ce constat est assez simple à établir puisque, toujours selon lui, chaque gouvernement ou responsable d’un gouvernement possède un compte offshore via le principe du trust. Ce principe permettant à quelqu’un de riche de se déposséder de ses biens pour les mettre sous la tutelle d’une société écran située dans un paradis fiscal.
Le sujet du documentaire est très intéressant. Même si elles sont uniquement à charge des banques, les accusations posées par Rudolf Elmer sont instructives. Elles permettent aux spectateurs de se poser des questions légitimes face au pouvoir des institutions financières qu’ils ont, malgré eux, sauvées de la faillite dans un passé pas si lointain.
L’homme qui voulait détruire le secret bancaire s’avère être davantage une pièce à conviction qu’une preuve irréfutable, le propos étant peu ou pas nuancé. Néanmoins, ce documentaire d’une septantaine de minutes a le mérite d’exister et pour cela, on ne peut que s’en réjouir.
Cependant, d’un point de vue purement technique, le travail aurait pu être davantage léché, en cédant peut-être de la place à la contemplation pour créer une pause cognitive. En outre, les chapitres s’enchainent sans être définis dans l’espace et dans le temps, ce qui rend à certains moments le documentaire trop brut et fragmenté.