scénario : Dorison & Nury
dessin : Astier
éditions : Casterman
sortie : le 23 septembre 2015
genre : Aventure, Franco-belge
Au lendemain de la Blitzkrieg, les troupes allemandes marchent sur Paris. Bien avisé, le directeur de la banque nationale française prend les devants et vide de leur or tous les coffres forts de la banque. Mais voilà que deux tonnes d’or ont été oubliées ! En capitaliste scrupuleux, le directeur pique une colère avant de dépêcher un convoi de dernière minute pour déplacer ce magot en lieu sûr.
Or l’un des convoyeurs, corrompu jusqu’à la moelle, voit dans cette expédition improvisée l’occasion rêvée de s’en mettre plein les poches. Il sait Comment faire fortune en juin 40 ! Aussitôt le filou vend la mèche, et une bande de braqueurs menée par Sambio, le truand corse, et Franck Propp, un boxeur déchu, prend en chasse le fourgon plein de lingots. Démarre ainsi une course poursuite effrénée au cours de laquelle chacun risque de laisser quelques plumes… Mais qu’importe ! du moment que le jeu en vaut la chandelle. Une chandelle lourde de deux tonnes…
La trame narrative de l’œuvre, librement inspirée du roman Sous l’aile noire des rapaces de Pierre Siniac, aura certes de quoi plaire à plus d’un. Il faut bien dire que les scénaristes Xavier Dorison et Fabien Nury n’en sont pas à leur coup d’essai. L’ambiance du récit rappelle sans complexe les films de gangster qui ont fait les heures de gloire de quelques grandes figures du cinéma français telles que Lino Ventura ou Jean Gabin. Est-ce un hasard ? Sûrement pas, sachant qu’à l’origine le scénario avait été conçu pour le cinéma et non pour la BD.
C’est en effet face au silence prolongé du producteur Thomas Langmann que Dorison et Nury ont choisi de recycler leur projet cinématographique en roman graphique, et c’est le dessinateur Laurent Astier qui s’est vu confier la tâche de mettre tout ça en cases et en bulles. Astier confie d’ailleurs lui-même avoir regardé plusieurs fois Les Tontons flingueurs et autres chefs-d’œuvre du même calibre avant de passer à l’acte, sans démériter.
Néanmoins nous émettrons un certain bémol quant au résultat final du produit. En effet, si la progression classique de l’intrigue conserve son efficacité et permet au lecteur de ne jamais se sentir égaré, à aucun moment la virtuosité de l’album ne semble prendre de véritable envol, à tel point que les personnages vont et viennent au gré du récit sans susciter en nous d’émoi particulier. Enfin, la grande absente de l’œuvre est sans doute la touche d’humour, pourtant toujours la bienvenue dans les histoires de gangsters bigarrées.