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    Les Souvenirs de Jean-Paul Rouve

    les souvenirs affiche

    Les Souvenirs

    de Jean-Paul Rouve

    Comédie dramatique

    Avec Michel Blanc, Annie Cordy, Mathieu Spinosi, Chantal Lauby, Audrey Lamy

    Sorti le 21 janvier 2015

    Le grand-père de Romain est décédé. Son père qui prend sa pension subit ce qu’il appelle « la crise de la retraite », devenant de plus en plus nerveux et irritable. Sa mère se trouve alors victime de leur relation qui se vide jour après jour. Sa grand-mère, après la mort de son époux, et la ferme décision de ses trois garçons de l’héberger dans un « hôtel destiné à la troisième génération avec l’avantage de soins de santé permanents » réalise qu’il lui reste peu de temps à vivre. Romain, après avoir fini ses études de lettres, se trouve un emploi en tant que veilleur de nuit dans un hôtel, malgré son envie naissante d’écrire un roman.

    Les Souvenirs, dernier film de Jean-Paul Rouve, restitue ainsi l’état latent de l’existence à travers des personnages inaptes à assumer les moments-clefs de leur vie, qui s’immobilise pour un moment. Le tout devient une image figée, un souvenir vers lequel les personnages se meuvent physiquement comme la grand-mère qui retourne vers sa ville natale et son école primaire, mais aussi qui se meut en eux comme son envie de souffler les bougies de son anniversaire ou de revivre une enfance non vécue : retourner à ses prémices avant de disparaître.

    Romain recherche sa grand-mère pour la rejoindre. Se noue alors un très bel échange intergénérationnel. Il tombe amoureux d’une jeune institutrice du village. Sa grand-mère redevient écolière parmi des enfants pour une journée.

    Le film perçoit la mort comme une pulsion de vie. « Elle est morte, c’est déjà fait » dit la grand-mère à l’enterrement d’une amie. C’est aussi dans les cérémonies d’obsèques que Romain, à la vue d’une jeune fille, se lance à la recherche de l’amour. Dans la mort existe un nouveau début. À caractère symétrique, Les Souvenirs s’ouvre par la mort et y aboutit en dressant une recherche de la vie entre les deux états stagnants.

    Des moments répétitifs dans le scénario, qu’il s’agisse de paroles ou de situations, enrichissent les personnages et ajoutent un goût comique au film : le père est toujours très heureux de trouver où garer sa voiture, il veut goûter le café partout, plusieurs personnages soulignent l’air dépressif de Romain ou lui demandent s’il veut se suicider, le patron de Romain s’enquiert constamment du roman qu’il écrit… Ce comique, presque noir, redynamise le film aux moments où le rythme lâche prise.

    Malgré tous ses niveaux sous-jacents, Les Souvenirs traite sa lourde thématique de façon légère et abordable. Il reste un film grand public avec un casting populaire (Mathieu Spinosi, Michel Blanc, Chantal Lauby, Annie Cordy). Jean-Paul Rouve ne prétend pas davantage. Même les personnages du film ne se prennent pas au sérieux et remettent en question leurs gestes et leurs actes.

    À part l’emploi permanent d’éléments dans l’avant-plan et quelques usages du mouvement caméra, le film ne développe aucun langage cinématographique. Ceci peut le rapprocher d’un téléfilm à regarder chez soi en famille, surtout avec l’usage excessif d’un dialogue monstratif à but cognitif qui cherche à étendre la durée du film. Des problèmes de rythme et de continuité se remarquent par la suite à quelques moments. Sans oublier le colocataire de Romain dans le film, rôle complètement inutile à la trame et au propos.

    Le film de Rouve demeure une belle surprise, un divertissement bien exécuté qui pousse à la réflexion.

    Patrick Tass
    Patrick Tass
    Journaliste du Suricate Magazine

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