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    Les présidentes au Public : Merde !

    De Werner Schwab, mise en scène de Laurent Fréchuret, avec Patricia Ide, Laurence Vielle, Magali Pinglaut

    Du 13 mai au 25 juin 2016 à 20h30 au Théâtre Le Public

    Werner Schwab est un auteur autrichien plutôt original (il a aussi fait de l’art organique et éphémère avec des têtes d’animaux, des mégots, des intestins, etc.) qui a remué la scène européenne dans les années 80-90 avec des pièces plutôt trashs tournant autour des ordures, de la merde, la bigoterie, l’argent ou l’Autriche d’après-guerre.

    Les présidentes est une des plus connues et des plus jouées : elle raconte la vie de trois femmes que la vie et la solitude ont rendues aigries et malheureuses. Un soir, réunies dans l’appartement de l’une d’elles, elles vont se laisser aller à exprimer tous leurs désirs.

    La première, Erna, qui accueille les autres, est une veuve bigote d’une radinerie maladive : elle regarde la messe de Jean-Paul II sur son téléviseur d’occasion, seul luxe qu’elle s’accorde, remplace les filtres à café par du papier toilette, est fière d’avoir trouvé une toque en fourrure dans une poubelle, se gave de pâté de foie et finit par se rapprocher du charcutier polonais qui lui vend.

    Grete tente de mordre la vie à pleines dents, de profiter de son sex-appeal pour assouvir ses fantasmes. Malgré tout, elle est seule, souvent déçue. Sa fille a fui en Australie et ne lui donne presque pas de nouvelles. Son seul compagnon est un chien nommé Lydia.

    Et enfin, il reste la Petite Marie, sorte de jeune simplette du village qui se donne toute entière à Dieu et se croit investie de la mission de déboucher les toilettes du curé et des notables, sans gants, juste avec ses mains courageuses.

    Puis tout le monde se laisse aller à ses fantasmes, l’amour d’un riche fermier pour Grete, l’association d’Erna avec son boucher polonais, des cadeaux au fond de la cuvette débouchée pour Marie. Si tout est optimiste au départ, tout va vite n’être qu’illusion pour ces trois femmes. C’est aussi à ce moment-là, que le spectacle deviendra une illusion pour le public : un enchaînement de tirades, parfois trop longues, qui tourne autour de la merde, la chiasse, le caca, les étrons, les excréments, etc. Si le but est de choquer ou de faire rire, cela fonctionnera quelques instants avant de lasser petit à petit un public un peu fatigué par ce surdosage ordurier agrémenté de réflexions sur la religion, le nazisme et la laideur des relations amoureuses. Il nous reste juste le plaisir d’admirer des comédiennes qui se fondent totalement dans leurs personnages et arrivent à certains moments à nous faire croire aux objectifs du texte.

     

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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