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    Les oiseaux ne se retournent pas

    Couverture du roman graphique « Les oiseaux ne se retournent pas » de Nadia Nakhlé (Delcourt, 2020)

    Scénario et dessin : Nadia Nakhlé
    Éditeur : Delcourt
    Sortie : 18 mars 2020
    Genre : Roman graphique

    Les oiseaux ne se retournent pas est un magnifique roman graphique de Nadia Nakhlé qui évoque le destin, tragique mais aussi empreint d’espoir, des enfants isolés qui quittent la guerre et la pauvreté pour émigrer en Europe. Un récit à la fois sobre et très poétique, porté par des illustrations lumineuses et raffinées.

    La solitude de l’exil

    Amel est une orpheline de 12 ans dans un pays en guerre. Ses grands-parents persuadent des amis de l’emmener avec eux dans leur fuite vers la France. Amel doit mentir sur son identité pour passer les contrôles aux frontières. Elle devient « Nina ». Mais tout ne se passe pas comme prévu et elle est séparée de sa famille d’adoption. Abandonnée à elle-même dans un camp de réfugiés, elle entreprend un long chemin jusqu’à Paris.

    Bacem, ancien soldat, devient son compagnon de fortune. Grâce à lui, elle apprend à jouer de l’oud, une sorte de luth hérité de la tradition persane. Quelle vie attend Amel à Paris ? Y arrivera-t-elle seulement ?

    Un voyage intérieur empreint de poésie

    Sans aucun misérabilisme, Les oiseaux ne se retournent pas évoque avec pudeur les dangers de l’exil pour les enfants laissés à eux-mêmes. Nadia Nakhlé fait le choix de s’intéresser à l’exil intérieur, c’est-à-dire aux pensées intimes d’Amel et de son compagnon de route. La peur et l’espoir s’entremêlent en permanence, avec la musique comme unique réconfort. La métaphore des oiseaux donne un côté presque magique au récit. Elle s’inspire d’un poème persan, La Conférence des Oiseaux, dont quelques extraits parsèment le périple d’Amel.

    Symboles d’espoir, les oiseaux guident la jeune fille dans sa quête de sécurité, d’un endroit où reconstruire sa vie. En alliant un noir profond à des couleurs vives comme le bleu, le rouge et le jaune, Nadia Nakhlé nous offre des illustrations raffinées et lumineuses, presque féeriques. Les textes, très courts, laissent une place centrale au dessin. Des motifs qui évoquent des arabesques donnent aux mots une force particulière, faisant de ce roman graphique une expérience esthétique et émotionnelle très intense.

    Soraya Belghazi
    Soraya Belghazi
    Journaliste

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