Au Botanique, dans le muséum, une nouvelle exposition s’ouvre, déroutante par sa forme et par le duo qui en est à l’origine Serge et Chantal R.Patt, collectionneurs Bruxellois respectivement jardinier et éducatrice spécialisée. Un fil d’araignée se dessine de manière latente entre les pièces qu’ils choisissent de nous présenter. Un Marcel en cache toujours un autre !
Humour poétisé
Lorsque nous passons le pas de la porte, pas de sens de visite, pas d’ordre chronologique ou de cartels. Le parcours du visiteur s’en trouve libre et nous pouvons nous laisser aller à nos ressentis subjectifs. Si un certain lyrisme est présent comme l’éclaire le néon Quand le parfum de rose sent aussi celui du champ clos qui l’exhale, les deux odeurs s’épousent pour la vie, il est toujours teinté d’humour et prévient toute analyse trop littérale. Nos yeux se promènent à travers la richesse des univers proposés, travaillant en association d’idées. C’est aussi l’occasion de découvrir le travail de Duchamp sous un angle singulier, nous l’attachons souvent au terme de concept, alors qu’une véritable mine d’œuvres se cache en deçà de cette figure emblématique qu’est l’urinoir. Un jeu qui rappelle le manifeste-catalogue : temporalité, matérialité, interprétation et relations intermédias découlent de la scénographie anachronique.
Déballage des obsessions
Comme l’on additionnerait les cailloux ou les timbres, la loufoquerie des Marcels et d’autres artistes contemporains est ici déballée. Les œuvres de Marcel Maïen vieillard débutant, reviennent par exemple fréquemment, Serge est, en effet, focalisé sur le travail de cet artiste à la manière d’un monomaniaque comme le souligne François de Coninck dans l’interview du catalogue. L’exposition apparaît semblable à un cabinet de curiosité et il faudrait des heures pour découvrir avec minutie la réflexion esthétique de tous les artistes présentés, car c’est avec une passion chronophage que nos collectionneurs assemblent leurs pièces préférées.
Une diachronie esthétique digressant dans sa forme et grisante dans son fond. Cette approche intelligente et singulière permet de permuter le regard sur l’art contemporain en l’ôtant de ses complications théoriques. La variété des œuvres est une belle inspiration pour développer sa propre créativité.
Moving Mountains
Dans la Galerie Botanique, l’exposition du photographe paysagiste Batiaan Van Aarle est présentée. Par le médium cinétique, l’artiste dessine les lignes de montagnes sinueuses où des strates pigmentées viennent ponctuer la matière et lui injecter une mouvance qui nous apparaît à la fois artificielle et surnaturelle. La lumière fait vibrer la structure et la pense à la manière d’une sculpture chromatique. La question du temps est décelable dans cette approche : le regard opère des rotations entre visible et intangible, l’accident du biologique créé des jeux de lumières et l’intention scénographique place les clichés de façon à former une unité graphique. Ces photographies mettent en exergue nos différentes qualités perceptives et les influences imperceptibles du cosmos et de son mouvement.
- Où ? Botanique, 236 rue Royale, 1210 Bruxelles
- Quand ? Du 25 mai au 30 juillet et du
- Combien ? 7€, différents tarifs réduits possibles