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    « Les Fugitifs de l’Alder Gulch », un western vraiment bien foutu !

    Titre : Les Fugitifs de l’Alder Gulch
    Auteur : Ernest Haycox
    Editions : Babel
    Date de parution : 4 novembre 2020
    Genre : Western

    Depuis une poignée d’années, les Editions Actes Sud ont la bonne idée de mettre à contribution la jolie plume du traducteur Jean Esch pour faire découvrir au public francophone l’univers du talentueux Ernest Haycox (1899-1950). Car son œuvre, pourtant riche de centaines de nouvelles et de dizaines de westerns, dont plusieurs ont fait l’objet d’adaptations cinématographiques dans les années 30 et 40, est malheureusement peu traduite.

    Mais de quoi ça parle ?

    Dans Les fugitifs de l’Alder Gulch, on retrouve tous les ingrédients d’un bon western : d’un côté un homme solitaire, Jeff Pierce, qui est contraint de fuir suite à un crime qu’il a commis malgré lui et de l’autre, une femme indépendante, Diana Castle, qui elle, veut échapper à un mariage arrangé. Les deux fuyards s’associent pour quitter une vie qui ne pourra être que dangereuse ou malheureuse. Et la touche finale : la quête du lieu idéal. Jeff et Diana opteront pour la vallée de l’Alder Gulch, dans le Montana, qui en cette année 1863, est une fameuse aubaine pour qui cherche de l’or.

    Voilà pour les grandes lignes. Mais ce qui confirme la qualité de ce livre est la psychologie des personnages qui est assez fouillée. Ce n’est pas qu’une histoire de baston : le personnage de Jeff est un gars qui certes, est assez doué de ses poings, mais l’auteur nous dépeint un homme au passé profondément meurtri, qui l’a rendu solitaire, méfiant, avide de justice et empreint d’une grande loyauté. En somme, un homme un peu bourru que l’on adore comme un grand frère protecteur bien qu’un peu pataud quand il s’agit de sentiments.

    Quand aux personnages féminins, il y en a plusieurs, avec Diana en tête. Dans ce roman écrit au début des années 40, Ernest Haycox nous offre quelques envolées féministes assez avant-gardistes pour l’époque. Seule petite déception, le personnage de Diana, qui apparaît dès le début du roman et que l’on espérait donc voir former avec Jeff un chouette duo paritaire, est au fil du récit de moins en moins présent jusqu’à ne devenir qu’un second rôle.

    Et puis aimerait-on autant les gentils s’il n’y avait pas les méchants ? Bien sûr que non, et vous serez servis parce que les sales types que l’on imagine tout vilains, mal rasés et puants, il y en a un paquet ! Et ils vous feront rugir d’indignation. En même temps, c’est le rôle des personnages hors-la-loi, protégés par un système corrompu qui plus est, de façonner une ambiance paranoïaque : ils ont l’œil sur tout. Ils savent que vous avez de l’or, combien vous en avez et où vous l’avez planqué ! Les honnêtes gens doivent impérativement avoir un plan B pour s’en sortir.

    Au final, un roman que l’on vous conseille fortement pour sa capacité à vous téléporter au milieu d’un saloon ou en plein cagnard en compagnie d’orpailleurs, pour ses quelques passages tellement émouvants qui vous picoteront les yeux, pour ses personnages attachants et pour d’autres que l’on aime détester et qui feront réagir le Calimero au fond de vous, car souvent, c’est trop injuste ! Le tout avec une fin qui prend une trajectoire plus mature qu’un traditionnel bouquet final meurtrier.

    Alors enfourchez votre destrier (mais le bus c’est bien aussi) pour aller dégoter ce roman au plus vite !

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