De Lucy Kirkwood, mise en scène de Tilly, avec Jo Deseure, Marie-Paule Kumps et François Sikivie. Du 17 septembre au 10 octobre 2019 au Théâtre de Poche. Crédit photo : V Vercheval
Le topo : un couple vieillissant à proximité d’une centrale nucléaire où s’est produit un accident majeur quelque part en Angleterre voit sa vie mise sans dessus dessous avec l’arrivée impromptue d’une ancienne collègue et amante. Rose va rebattre les cartes dans la vie d’Hazel et Robin, couple d’ingénieurs en nucléaire en retraite, après 38 ans d’absence.
Avec cette pièce, on se transporte dans une situation post-Tchernobyl telle que vécue dans l’intimité d’un flegmatique couple de retraités anglais. Et à travers eux, on s’aperçoit de la résilience des humains, qui s’accommodent finalement d’à peu-près tout. Plus rien ne marche vraiment, la nourriture est suspecte, l’électricité rationnée et les vérifications des radiations avec un compteur Geiger sont nombreuses. Mais qu’a cela ne tienne Hazel pratique son yoga et s’évertue à manger aussi sainement que possible pour bien vieillir et profiter de son rôle de mamie. Son mari quand a lui se dit heureux de cultiver son potager.
Mais le passe s’imposé dans ce huis clos amoureux par la personne de Rose et mettra le couple à l’épreuve. Hazel tentera de faire bonne mine à son ancienne rivale, tandis que le mari se laissera aller à retrouver sa complicité avec son ancienne amante sans résistance aucune. Et Rose, qui n’a eu ni mari ni enfants et qui souffre d’un cancer du sein, les mettra tous deux en face de choix existentiels.
Cette pièce a le mérite d’aborder des questions de fond sur le mariage, l’infidélité, le vieillissement et le sacrifice pour une cause, tout en gardant un ton léger. La performance scénique des acteurs est réelle, avec des dialogues rythmés qui fusent pendant 1h45, quasi sans discontinuer. Quelques répliques sont particulièrement savoureuses, en particulier sur le refus de vieillir, ainsi que et la chorégraphie sur la musique Sweet dreams d’Annie Lennox.
Toutefois, la pièce souffre de certaines incohérences ou de pistes non exploitées : alors que la vie est censée être devenue bien rudimentaire, Hazel met toujours de la crème solaire, que se cache t-il derrière la prétendue activité quotidienne de Robin ? Mais certainement le plus grand bémol réside dans le fait que spectateur a du mal a trouve un vrai dénouement à cette histoire alors que tout semble l’y conduire. Par ailleurs, la morale de l’histoire, en particulier sur la place des ainés dans la société, peut sembler un brin trop manichéenne.
A noter que le Théâtre de Poche est le premier à monter une pièce de Lucy Kirkwood en langue française. Celle-ci jouit d’une popularité grandissante dans le monde anglo-saxon, où le public américain a fait bon accueil à la pièce Les Enfants lorsqu’elle a été jouée à Broadway.