Texte d’après Henrik Ibsen. Mise en scène de Christophe Sermet. Avec Vanessa Compagnucci, Adrien Drumel, Gwendoline Gauthier, Sarah Lefèvre, Yannick Renier. Du 11 janvier au 17 janvier 2024 au Théâtre des Martyrs.
S’inspirant de la pièce John Gabriel Borkman écrite par Henrik Ibsen, dramaturge norvégien du 19ème siècle, Christophe Sermet propose un spectacle contemporain, enrichi de nombreux intermèdes rock. Sur fond de faillite, conflits familiaux et amours déçus, cinq comédiens talentueux nous offrent leur version d’une pièce qui nécessitait un relooking. Tout se passe dans un même décor dépouillé, représentant la cave et le rez-de-chaussée d’une maison, celle des Borkman. Sarah, la femme de Yann, banquier déchu, ne se remet pas de la banqueroute de son mari et donne pour mission à son fils, Adrien, de reconstituer l’empire paternel. Adrien ne l’entend pas de cette oreille. Quant à Gwendoline, sœur jumelle de Sarah, une idée l’obsède : récupérer son neveu Adrien. L’histoire de cette famille s’avère passionnante, à la fois dramatique et drôle, actuelle et universelle. A ne pas manquer.
Cela fait 8 ans que Yann n’a plus quitté la cave de sa maison. Il s’adonne à sa passion, la guitare électrique. Il y suit des cours, dispensés par Frida, qu’il avait lui-même formée aux mathématiques dans le passé. Il ne reçoit qu’un visiteur, Vihelm, le père de Frieda, qui est resté fortement attaché à son ami. La faillite a fait le vide autour de l’ex-banquier, toutes ses connaissances lui en veulent car ils y ont perdu de l’argent.
Beaucoup d’adaptations à noter par rapport au texte d’Ibsen: le piano devenu guitare électrique, le rez-de-chaussée devenu cave, les prénoms d’origine, remplacés par le prénom des comédiens, le titre de la pièce qui n’est plus centré sur le banquier mais sur sa famille, le rôle des femmes, élargi, voire dominant. Il y a Sarah (Lefèvre), magistrale dans le rôle de l’épouse vengeresse, puis Gwendoline (Gauthier) qui revêt alternativement le costume de la sœur jumelle et celui de Frida et enfin, Vany (Vanessa Compagnucci) la séduisante voisine. Côté hommes, on retrouve Adrien Drumel parfois dans le rôle d’Adrien, parfois dans celui de Vihelm et finalement Yann (Yannick Renier) qui interprète l’ex-banquier reclus.
Les Borkman, c’est un grand moment de théâtre, mis en scène pendant le confinement sans perspective particulière, entre drame familial et concert rock, qui met en avant la complexité des relations humaines. Une tornade de sentiments s’empare du plateau (vengeance, amour, jalousie, cupidité, rage, tendresse et désespoir) jusqu’à l’interprétation de That’s allright Mama, célèbre morceau du King, qui clôture ce feu d’artifice émotionnel. A la fois énergique et limpide, c’est un plaisir de suivre cette adaptation, jouée par des comédiens formidables, tous appelés à chanter. Du rythme, du mouvement, de la musique, une histoire passionnante, toutes les conditions sont réunies pour profiter d’un excellent spectacle dans un magnifique théâtre des Martyrs, tout récemment rénové.