auteurs : Didier Vervaeren, Florence Müller, Nele Bernheim, Agnes Goyvaerts, Karen Van Gotsenhoven, Veerle Windels, Lut Clincke, Laurent Dombrowicz, Anne-Françoise Moyson, Marco Pecorari, Oscar van den Boogaard, Erwin Jans, Jesse Brouns, Siska Lyssens, Aline Peeters et Paul Dujardin
édition : Lannoo
sortie : juin 2015
genre : mode/catalogue d’exposition
Catalogue d’exposition édité conjointement par BOZAR et MAD Brussels Les Belges. Une histoire de mode inattendue présente en même temps que l’exposition qui a lieu du 5 juin au 13 septembre 2015 au BOZAR, le destin étonnant de ces créateurs belges dont la majorité sont actuellement couturiers des plus grandes maisons.
En Belgique, la mode fut lancée par les pionniers en la matière Paul Gustave Van Hecke et Honorine Deschryver de la maison de couture Norine, promoteurs de l’expressionnisme flamand et du Surréalisme belge grâce à leur collaboration notamment avec René Magritte. Mais après 40 ans passés au carrefour de différentes disciplines artistiques et à l’avant-garde de l’art et de la mode occidentale l’histoire de la Maison Norine s’achève. Les Van Hecke ne furent pas les premiers belges à se lancer dans la mode mais Norine fut la première Maison à considérer la mode comme un art à part entière. Laissant un vide dans la années 70-80 qui ne sera comblé qu’avec l’arrivée sur le devant de la scène des Six d’Anvers.
Des créateurs continuent de travailler inlassablement à l’abri des regards et malgré un lancement fastidieux se retrouve sur le devant de la scène comme Annemie Verbeke spécialisée dans le tricot qui deviendra enseignante à la Cambre, Maggy Baum qui inventera le tricot en lin, Isabelle Baines qui crée elle aussi des pièces en tricot mais entièrement fait main ou encore Nina Meert crée du linge de table d’un grand raffinement ainsi qu’une petite collection de vêtements. Phara Van den Broeck dira d’ailleurs en 1979 qu’ « En Belgique, faire carrière dans la mode était à l’époque aussi irréel que de rêver à une carrière d’astronaute »… Dans les années ’70 Jenny Meirens ouvre la voie avec sa boutique Créa pour vendre les créations de jeunes stylistes. Son regard d’experte lui vaut d’être appelée à siéger dans de nombreux jurys. Elle repérera notamment Ann Demeulemeester et Martin Margiela (les premiers à avoir remporté le prix de la Canette d’Or).
En 1981, le lancement du Plan du textile coïncide avec l’apparition d’une génération de créateurs de grand talent issus de l’académie d’Anvers et aussi du sud du pays mais l’objectif d’ouvrir les ateliers aux jeunes stylistes n’est pas atteint. En effet, les fabricants préfèrent s’en tenir à leur style classique pour ne courir aucun risque. C’est pourtant durant cette décennie ’80 que la mode des créateurs belges perce lentement, mais durablement.
Les Six d’Anvers (aussi appelé les Six +1) désigne Ann Demeulemeester, Walter Van Beirendonck, Dries Van Noten, Dirk Bikkembergs, Marina Yee, Dirk Van Saene et Martin Margiela (le + 1 des Six d’Anvers). Ils ont été réunis sous ce qualificatif car leurs noms imprononçables lors de leur participation au British Designer Show de Londres en 1986, mais aussi pour qualifier le phénomène que représentait ce groupe de stylistes faisant simultanément leur apparition sur la scène internationale. Mais bien que catalogué comme groupe, il était clair pour eux qu’ils étaient très différents tant au niveau du style que de la personnalité. A partir des années ’90, chacun des Six +1 a d’ailleurs emprunté sa propre voie. C’est grâce à cette courte période d’identité collective que la mode belge dut son étiquette de mode avant-gardiste et conceptuelle. Actuellement dans le monde de la mode, tout jeune styliste issu d’une école de mode belge reçoit la dénomination de « belge » quelle que soit sa nationalité sur la base d’une conviction esthétique et d’une vision conceptuelle de la mode caractéristique de notre pays.
Outre de très beaux clichés et d’un texte soutenu qui les illustrent parfaitement, Les Belges. Une histoire de mode inattendue nous propose également un entretien avec Walter Van Beirendonck et Tony Delcampe respectivement les directeurs de l’Académie de monde d’Anvers et de l’Académie de mode de La Cambre. Le catalogue explore encore l’école de Martin Margiela qui propose des alternatives plus écologiques pour éviter le gaspillage ; le vocabulaire de stylistes tels que A.F. Vandevorst, Dries Van Noten, Natan, Jean-Paul Lespagnard, Raf Simons ; une approche de la mode en tant qu’idée avec des bandes dessinées, des catalogues, des invitations aux défilés qui témoignent que la mode est réellement un art total, une idée autour de laquelle tout un concept est créé. Nous trouvons également des portraits de stylistes comme Ann Demeulemeester, Walter Van Beirendonck, Raf Simons, Jean-Paul Lespagnard, Olivier Theyskens, Anthony Vaccarello, A.F. Vandevorst, Véronique Branquinho, Dries Van Noten, Christian Wijnants, Peter Pilotto, Bruno Pieters, Bernhard Willhelm, An Salens ou encore Haider Ackermann. En passant par les relations qui existent entre l’art et la mode avec des installations, des shows, des performances de danse, des spectacles, le choix des musiques, des décors, de la mise en scène. Un rapide tour du monde qui nous emmènera à Londres et au Japon en passant par le futur de la mode en Belgique avec la Slow Fashion qui milite pour une industrie de la mode plus équitable sans gaspillage et qui invite à réfléchir aux matières utilisées, aux coûts de production, aux conditions de travail pour terminer enfin par la nouvelle vague emmenée par la nouvelle génération de stylistes talentueux qui émergent dans le mode de la mode.
Un beau catalogue pourvu de nombreux clichés de défilés, de portraits, de créations de grande qualité qui explore de manière exhaustive tout en étant complète l’histoire de la mode belge.