auteur : Lieve Joris
éditions : Actes Sud
date de sortie : 1er octobre 2014
genre : Témoignage, autobiographie, colonisation
Lieve Joris est une écrivaine belge vivant aujourd’hui à Amsterdam. Baroudeuse jusqu’au bout des doigts, elle a beaucoup voyagé, que ce soit au Moyen-Orient ou en Europe de l’Est. Mais parmi toutes les terres qu’elle a déjà foulées, c’est l’Afrique et tout particulièrement le Congo qu’elle affectionne le plus. Quatre de ses ouvrages y sont d’ailleurs dédiés Mon oncle du Congo, Danse du Léopard, L’heure des rebelles et Les hauts plateaux. Avec son nouvel opus, Sur les ailes du dragon, Lieve Joris ne quitte pas vraiment ce monde qui lui tient tant à cœur puisqu’elle part à la découverte de la Chinafrique, là où Africains et Chinois se côtoient au centre du commerce international.
« Ne sommes-nous pas venus ici pour découvrir que le monde n’est pas ce qu’on nous en a dit dans notre pays? » (p.289) voilà une parole extraite du livre Sur les ailes du dragon qui décrit particulièrement bien tout le travail de Lieve Joris. Au travers de ses voyages et grâce à sa capacité à ne pas porter le moindre jugement mais à se limiter à une description stricte de ce qui l’entoure, l’écrivaine parvient à nous faire découvrir des vérités qui sont à mille lieux des idées préconçues que nous portons sur le reste du monde. En expérimentant le cœur du commerce de la Chinafrique, Lieve Joris découvre à quel point les clichés ont la peau dure et comment ils influencent les relations entre les peuples. Elle nous montre aussi toute une part du commerce international dont nous n’avions pas la moindre idées et nous fait prendre conscience de réalités auxquelles nous n’avions jamais même pensé. Elle nous fait vivre avec elle l’expérience du commerce entre la Chine et l’Afrique, les craintes des premiers comme des seconds et elle nous montre comment le passé colonial est encore prégnant dans ce nouvel empire de la mondialisation.
Dans chacun de ses ouvrages, Lieve Joris s’attache à partager son expérience sans porter le moindre jugement. Ici encore, alors que son attachement sentimental se porte vers le peuple africain, elle décrit les situations auxquelles elle est confrontée sans prendre le moins du monde parti et s’attache à interroger tout autant ses amis africains que ses nouveaux amis asiatiques. Tout l’art de son travail réside en ce point ainsi qu’en cette capacité hors du commun à mêler ensemble le général au particulier. En effet, l’auteur avance au fil de ses rencontres et ces dernières, elle les inscrit dans la grande fresque générale de l’histoire actuelle. De ses aller-retours entre Kinshasa, Lagos, Dubaï et Chine, elle laisse la place à chacun de ses protagonistes pour exister tout en assurant un équilibre implacable avec une vue d’ensemble des transactions aujourd’hui en œuvre entre ces différents pays.