Titre : Les agents
Auteur : Grégoire Courtois
Editions : Folio
Date de parution : 1er septembre 2022
Genre : Science-Fiction, Dystopie
Les agents est le cinquième roman de Grégoire Courtois. Une histoire dystopique s’inspirant de ceux de Philippe K. Dick et J. G. Ballard. Cependant, celui-ci porte principalement sur un seul aspect sociétal dégénératif : le travail.
Les agents sont chargés de la bonne marche du monde. À leurs yeux, le travail est le seul aspect de leur vie ayant de la valeur. Leurs journées s’étendent de 5h du matin à minuit quinze le soir, avec seulement cinq pauses par jour, et en bonus ils vivent sur leur lieu de travail, littéralement. En dehors de leurs heures, ils sont libres, en quelque sorte, mais doivent lutter pour conserver leur poste, face aux nombreuses règles à respecter et aux ambitions de chacun. Au fil du temps, des guildes se sont formées et ce livre suit plus particulièrement l’une de celles de l’étage 122 de la tour 35S : la guilde d’Elisabeth, Solveig, Laszlo, Clara et Théodore, chaque membre ayant une particularité… décalée dirons-nous. Leur objectif est de détruire les autres guildes pour s’emparer de l’étage tout entier. Cependant, dès qu’un agent disparaît, il est directement remplacé par un autre. C’est ainsi que, après le suicide de l’un d’eux, arrive Hick, un homme âgé et étrange, plein d’optimisme et souhaitant faire de nouvelles rencontres. Il semble une proie facile pour les guildes, mais qui sait ce que nous réserve Grégoire Courtois ?
L’auteur nous emmène ainsi dans un monde futuriste où seul le travail a de la valeur et du sens. Les agents ne vivent qu’à travers celui-ci. Le groupe que l’on suit est particulier car chaque membre a décidé de conserver un semblant de personnalité, d’une manière ou d’une autre (que ce soit en se débarrassant totalement de sa pilosité, ou en se scarifiant consciemment, par exemple). La solidarité est d’une importance capitale au sein d’une guilde, mais on découvre rapidement qu’elle a ses limites. Un roman d’anticipation qui offre une vision du futur où l’humain n’a plus vraiment sa place, où la vie au bureau n’en est pas vraiment une.
Le lecteur est face à un livre glaçant et impitoyable dont la troisième partie est d’une violence inouïe, de quoi se demander pourquoi tout ça ? Est-ce que l’auteur souhaite nous choquer en nous montrant l’inanité de nos existences de travailleur, via une extrapolation des limites de notre vie de bureau ?
Un roman à lire, si vous n’avez pas la déprime facile et si vous souhaitez du changement et du chamboulement, voire une remise en question de votre vie professionnelle (si employé de bureau vous êtes).