Deux ans seulement après la sortie de Popular Problems, Leonard Cohen est de retour. Alors que son homologue Bob Dylan vient de se voir gratifier du prix Nobel de littérature, Cohen poursuit sa route en produisant son quatorzième album studio intitulé You want it darker.
Comme son nom l’indique, cette nouvelle réalisation se veut plus sombre que son prédécesseur, à commencer par la jaquette du disque, entièrement noire et au centre de laquelle on peut voir Cohen émerger d’une fenêtre blanche. Mais pour qui connaît l’artiste, cette photographie apparaît comme étant plus subtile qu’il n’y paraît au premier abord. Pour comprendre, il faut retourner en 1992, à l’album The future dans lequel Cohen chantait : There is a crack in everything. That’s where the light gets in (Anthem). C’est là un grand thème « cohénien », l’équilibre permanent du monde, oscillant sans cesse entre obscurité et lumière.
Néanmoins, comme on a souvent pu l’entendre au cours de la récente promotion du disque, la thématique principale qui traverse ces nouvelles chansons semble être la mort. Plus encore, c’est sur les amours mortes que Cohen choisit de revenir. N’oublions pas qu’en juillet de cette année, Marianne Ihlen, la muse du chanteur avec qui celui-ci a vécu de nombreuses années et à qui étaient notamment dédiées les chansons So long, Marianne et Bird on a wire décédait. Peu de temps avant, le chanteur de 82 ans lui écrivait une poignante lettre d’adieu. Cette disparition est ainsi à mettre en parallèle avec la tonalité de ce nouvel opus.
Des neuf chansons composant l’album, pas moins de quatre ont pour thématique la rupture ou la fin d’un amour. Au milieu de cela émerge néanmoins la superbe If I didn’t have your love, pendant positif à ces morceaux. Dans cette même veine, citons également Steer your way, avant-dernière piste du disque dans laquelle Cohen invite l’auditeur à ne pas se laisser abattre par les épreuves de l’existence (« Steer your path through the pain that is far more real than you, That has smashed the Cosmic Model, that has blinded every View »). Notons également que, comme toujours chez l’artiste, les références bibliques sont présentes et parsèment l’entièreté du disque, donnant une teinte prophétique caractéristique aux chansons qui le composent.
Enfin, particularité intéressante, la dernière chanson de ce disque se présente sous forme d’un instrumental (chose assez rare pour être mentionnée !) au milieu duquel Leonard Cohen reprend certains vers du très beau Treaty, deuxième piste de l’album, comme une façon de boucler la boucle.
En conclusion, bien qu’étant plus défaitiste, You want it darker crée une atmosphère similaire à celle de ses deux prédécesseurs et de ce que l’artiste a initié lors de son retour musical en 2012.
S’il y est beaucoup question de mort, il nous reste à espérer que Leonard Cohen vivra encore longtemps et nous gratifiera toujours de ses magnifiques compositions et de son apaisante voix grave !