Le lendemain du monde
scénario : Olivier Cotte
dessin : Xavier Coste
éditions : Casterman
sortie : 07 juin 2017
genre : anticipation, science-fiction
Suite à une expérience qui a mal tourné, les appareils électriques sont devenus des sources de danger, poussant le monde à se tourner vers d’anciennes technologies. James Graham Keran, un ancien caporal, est envoyé vers l’épicentre de la menace pour tenter d’y mettre un terme.
Les avancées technologiques ont souvent servi de base à des récits d’anticipation mettant en garde contre leurs dérives possibles. Avec son postulat de départ, Le lendemain du monde semble entrer dans cette droite lignée, en opposant son héros à un monde contaminé par l’omniprésence d’intelligences artificielles qui se répandent comme autant de virus. Si une grande partie de la population lutte contre cet état de fait, d’autres s’en accommodent, tandis que certains tentent d’en tirer profit. C’est donc au milieu d’un chaos ambiant que le héros tentera d’accomplir son devoir.
Comme dans l’oubliable Clones (Jonathan Mostow, 2009), l’intérêt ne réside ici pas tant dans la mission du personnage principal, ni même dans sa finalité, que dans le cheminement qu’il poursuit en tentant de la mener à bien, et sur les changements qui s’opèrent en lui. À ce titre, Olivier Cotte, scénariste de l’album, a le mérite d’apporter plusieurs nuances au monde qu’il dépeint et qui semble voué à la destruction. Rien n’y est tout noir ou tout blanc. Cela permet de rendre plus crédible la descente aux enfers de James Graham Keran, tout en apportant une nouvelle dimension à certains passages obligés. Les quelques clichés qui sont à dénombrer sont ainsi généralement contrebalancés par certaines idées inattendues, à la tonalité de plus en plus sombre. De quoi apporter un surplus d’imprévisibilité à un récit dont on sent arriver la fin, bien que celle-ci réserve également des surprises, notamment dans les motivations des I.A.
Le dessin fort à propos de Xavier Coste se révèle parfois trop imprécis, ce qui nuit à la lecture de certaines cases. Il participe cependant pour beaucoup à l’ambiance étouffante qui se dégage de l’album. Quand ce ne sont pas les cadrages qui sont resserrés, ce sont les couleurs qui prennent le relais pour maintenir prisonnier le personnage principal, et donc le lecteur, d’un univers toujours plus anxiogène.
Quelquefois déroutant, Le lendemain du monde est un récit complet dur, souvent pessimiste, mais surtout intrigant. S’il ne révolutionnera pas le genre, il possède néanmoins assez de qualités pour mériter d’être découvert.