De Carole Karemera et Jean-Michel d’Hoop
Mise en scène de Jean-Michel d’Hoop,
assisté d’Alphonse Eklou
Avec Aubaine Hirwa , Gretta Ingabire, Léone François Janssens, Mucyo Arnaud Kanyankore, Léa Le Fell, Héloïse Meire, Michael Sengazi, Corentin Skwara, Benjamin Torrini, Neema Umutesi
Du 25 mars au 12 avril 2025
Au Théâtre de Poche
Afin de démêler le trouble qu’elles ressentent, Kunda et Lucile partent pour un voyage spécial. En cherchant les traces, les murmures, les contes, les silences et les empreintes qu’ont laissé leurs grands-mères, ce qu’elles trouvent, c’est l’inattendu.
Je suis de l’empreinte de celles et ceux qui ont disparu et qui m’ont fait naître.

Kunda et Lucile sont des jumelles astrales. De parents différents, elles sont nées au même moment, l’une en Afrique, l’autre en Europe. Elles ne sont pas amies dans le réel, mais leurs âmes sont sœurs. Une nuit, chacune fait un rêve, le même. Elles se rencontrent alors dans ce rêve. Toutes les deux vivent un vide émotionnel. Un abîme profond. Si profond qu’elles doivent partir là où personne ne va, afin de retrouver ce qu’elles ont perdu : leurs larmes. En effet, leurs corps tressés d’osier sont asséchés. J’oubliais … Kunda et Lucile sont des marionnettes à taille humaine.
Tantôt guidées, tantôt malmenées, elles rencontrent alors leurs grands-mères, le Corbeau, l’Arbre à Clous et autant d’êtres porteurs de réponses confuses et de silences. Perdues dans le labyrinthe de la plus secrète mémoire humaine, leur imaginaire les portera sur les plus hautes falaises et les plus larges mers. Spectateur·ices, prenez place, accrochez-vous et bon vent ! Le voyage qui vous est proposé est unique. En avant, route !
L’Empreinte est né d’une rencontre entre Carole Karemera et Jean-Michel D’Hoop. Actrice, saxophoniste, fondatrice et directrice du Ishyo Arts Center de Kigali, Carole Karemera est une figure majeure de la vie théâtrale rwandaise. Jean-Michel D’Hoop, qui est bien connu au Théâtre de Poche (son Songe d’une nuit d’été techno-queer avait ambiancé le public lors de la saison passée), est le fondateur du collectif Point Zéro dont la spécialité est l’exploration du jeu d’acteurs avec marionnettes à taille humaine.
Une rencontre donc, entre deux artistes, mais pas que. Le spectacle dépasse nettement le cadre individuel, et plonge dans les tréfonds des inconscients collectifs des deux cultures. Pour Carole Karemera, L’Empreinte est un spectacle « qui parle des traces que les souvenirs, que les histoires contées ou non-racontées ont sur nos vies actuellement ». Lorsqu’on est sur une co-production belgo-rwandaise, autant vous dire que les « histoires non-racontées », c’est du lourd (vous l’entendez venir, la grande hache de l’Histoire et du génocide ?).
L’Empreinte appréhende donc autant la complexité de l’intimité individuelle que la complexité des croisements qui unissent ou séparent deux pays. Pour ce faire, on est emporté dans un conte où le rêve (le cauchemar aussi) nous attrape et nous envoie très loin. Si vous ne connaissez pas encore le théâtre d’objet, foncez car ces marionnettes sont vivantes, leur regard est brillant et triste. Surtout, elles sont magnifiquement portées sur scène par les comédien·es (cinq belges, cinq rwandais·es) qui assurent.
Toutes les composantes du spectacle sont chargées émotionnellement et sont comme des intermédiaires. Elles sont le réceptacle d’univers ambigus et d’émotions nuancées (entendez « justes ») qu’incarnent la magnifique troupe métisse. Les imaginaires et les émotions sont au cœur de la pièce, c’est le sujet principal de la recherche des deux jumelles. Justement car le « réel » (les histoires et les silences de leurs proches) est insuffisant pour détricoter les fils profonds de la douleur. Ainsi, l’Arbre à Clou des légendes celtes ardennaises et la sirène du lac asséché, inspirée d’une légende des bords du lac Kivu au Rwanda, sont voisins grâce à l’ambiguïté du rêve et grâce à la justesse des artistes.
Âme sensible, ne pas s’abstenir.
Bord de scène avec l’équipe le 2 avril 2025.
Rencontre autour du conte avec Marie-Rose Muysman et Jean-Michel D’Hoop le 9 avril 2025.