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    « Le voyageur d’Histoire », Bruno Solo plus loin que la nuit et le jour

    Titre : Le voyageur d’Histoire
    Auteur : Bruno Solo
    Editions : Rocher
    Date de parution : 2 novembre 2023
    Genre : Histoire

    Deux ans à peine après avoir invité une dizaine de Visiteurs d’Histoire à sa table, Bruno Solo vient d’acquérir un passeport spatio-temporel afin de voyager à son tour vers bien des aventures !

    Reprenant la structure narrative qui avait fait le succès de son précédent ouvrage en installant des dialogues fictifs avec d’illustres personnages, l’auteur/acteur transportera le lecteur de l’Égypte de Cléopâtre à l’Amérique ségrégationniste d’Eugene Ballard. Appliquant au passage ce qu’écrivait Boris Vian dans son merveilleux Écume des Jours, à savoir que : « L’histoire est entièrement vraie puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre ».

    Et justement, l’Histoire que nous conte ici Bruno Solo est entièrement vraie, appuyée par quantité de lectures et de recherches qui donneront corps à son propos, permettant alors à l’auteur d’imaginer d’un bout à l’autre ses dialogues historiques ; comme s’il s’agissait des rêveries d’un promeneur solitaire que n’aurait pas désavoué Jean-Jacques Rousseau.

    Cléopâtre elle-même exprimera la démarche de celui-ci, lorsqu’au détour d’un dialogue elle affirmera vouloir vivre pleinement l’histoire, et non se l’entendre raconter.

    Ainsi, Bruno Solo ne cherchera pas à écrire un livre d’histoire, mais plutôt à donner vie à l’Histoire à travers le prisme de la rencontre humaine : que ce soit au détour d’une balade en compagnie de Hildegarde de Bingen ou lors de la préparation d’un repas avec Jean Anthelme Brillat-Savarin.

    À travers cela, l’auteur abordera quantité de réalités modernes, qu’il s’agisse du féminisme avec Cléopâtre, Hildegarde de Bingen et Artemisia Gentileschi, de la ségrégation raciale avec Eugene Ballard, ou de la défense des idées avec Suétone, Jacques de Molay et François Rabelais. Le tout avec une certaine dose d’humour et d’autodérision.

    On s’amusera alors à suivre Bruno de Gaulle ou Monsieur de Lassalle, selon la façon qu’auront ses interlocuteurs de s’adresser à lui, et l’on découvrira avec joie l’amateur de bonne chère et le batteur mélomane lançant un shuffle boogie comme au temps du lycée, lorsqu’il battait la mesure au sein des « Mozart Fuckers ».

    Mais au-delà de cela, c’est à la curiosité que nous invitera l’auteur, citant tour à tour le livre sur les injures grecques écrit par Suétone ou L’Éloge de la Folie d’Érasme – « le livre le plus sage jamais écrit » selon la formule que Bruno Solo prêtera à Rabelais –, avant de nous pousser à plonger goulument dans les œuvres gastronomiques de Brillat-Savarin !

    Plus que les rêveries de Bruno Solo, Le voyageur d’Histoire est une réelle invitation au voyage, à la découverte et à la curiosité. Un ouvrage qui saura nous transporter de façon légère, tandis que l’auteur y livre un style littéraire familier, fluide et relativement agréable, tout en parvenant çà-et-là à livrer quelques somptueuses envolées. Que ce soit en citant ses interlocuteurs (« Cueillons encore cette fleur en passant ; il sera toujours temps de mourir » écrivait Brillat-Savarin), en s’attribuant Alexandre Dumas pour impressionner Suétone tel un « plagieur au petit pied » », ou en livrant quelques aphorismes personnels, montrant alors qu’il n’a pas à rougir de sa propre plume face à celle de ses idoles.

    Si d’aucuns pourraient regretter l’absence apparente de scientificité passant habituellement  par un référencement critique complet ou une bibliographie exhaustive, il convient d’avoir à l’esprit que Le voyageur d’Histoire ne cherche pas à être un livre d’Histoire, mais avant tout une invitation au voyage historique. Laissons-nous donc transporter plus loin que la nuit et le jour !

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