Titre : Le Tyran
Auteur : Michael Cisco
Editions : Au Diable Vauvert
Date de parution : 8 septembre 2022
Genre : Roman
Elle a quinze ans, en situation de handicap et est une prodige de la manipulation ectoplasmique. Elle est appelée auprès de la célèbre docteure Belhoria pour mener une expérience sur un sujet particulier, un jeune homme épileptique qui semble avoir le pouvoir ou les capacités de s’incarner au-delà de la vie, autrement dit, de passer du monde des vivants au monde des morts.
Très vite, l’expérience devient plus grande, trop grande pour Ella et le docteure Belhoria qui ne contrôlent bientôt plus rien, totalement soumise à ce jeune homme s’étant transformé en ce fameux Tyran. Les sirènes tentatrices de la république mortelle deviennent irrésistibles. Encore plus pour Ella, en prise avec la rage d’être vivante et abîmée, et un sentiment amoureux étrange qu’elle va laisser éclore le long du roman. Amoureuse de ce Tyran qui devient sa seule source de repos, sa seule porte de sortie de son réel, à elle, dément et pesant.
Court et facile parallèle à faire avec les Thanatonautes de Bernard Werber. Là où ce dernier s’engageait dans une lecture presque coloniale de ce monde des morts, Michael Cisco nous surprend et nous emmène dans des chemins rarement empruntés pour dépeindre cette vie après la mort (typiquement le genre d’expression que Michael Cisco retourne et dézingue).
Nous lisons ce roman comme on lit un rêve, comme on vivrait un rêve. Réel et irréel se côtoient, se fondent et nous font nous demander au final qui devient quoi. On en vient à s’interroger sur notre notion de réalité et sur l’emprise que nous croyons avoir sur elle.
L’écriture semble elle-même faite de tissus oniriques qui parfois se tissent superbement et clairement bien, qui parfois se pelotent tellement sur eux-mêmes qu’on en perd le bout et le sens, qui parfois comme un fil d’Ariane nous guident prestement vers la fin.
On ne s’engage pas dans Tyran avec légèreté et naïveté, très vite, le sérieux du sujet et de la quête sont posés et nous devons nous accrocher pour ne pas chavirer de l’autre côté, quoi que soit cet autre côté.