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    Le temps des aveux de Régis Wargnier

    le temps des aveux affiche

    Le temps des aveux

    de Régis Wargnier

    Drame, Biopic

    Avec Raphaël Personnaz, Kompheak Phoeung, Olivier Gourmet, Thanet Thorn, Boren Chhith

    Sorti le 14 janvier 2015

    “Mon sauveur est un bourreau…”. Ce sont les premiers mots de François Bizot (Raphaël Personnaz), anthropologue français vieillissant se remémmorant sa captivité dans un camp de rééducation Khmer Rouge en 1971. Il travaille alors dans la restauration du site archéologique d’Angkor. Il a une femme et une petite fille. Décor parfait dans un Cambodge coloré et luxuriant. Jusqu’au jour où tout finit. François est arrêté par les Khmers Rouges, soupçonné d’être un espion pour le compte de la CIA. S’en suit une relation particulière entre Bizot et le chef du camp, Douch (Phoeung Kompheak, professeur de littérature française et écrivain dans la vraie vie).

    Habitué au thème se rapportant à l’Indochine, Régis Wargnier peine ici à convaincre sur son adaptation du récit autobiographique de Bizot. Certes une esthétique certaine se dégage des plans mais le problème viendrait plutôt du montage. En effet, la durée et l’enchaînement des séquences s’expédient à la vitesse grand ‘V’. On passe du coq à l’âne rapidement comme si la conclusion se voulait pressante. Les quatre mois passés au camp de rééducation, au cours desquels Bizot tente de convaincre Douch de son innocence, ne semblent être qu’une formalité.

    Un autre élément peut aussi sauter aux yeux : le manque de réalisme. Ce réalisme qui va de pair avec le biopic est laissé au vestiaire. On ne ressent presque jamais la violence qui se dégage du régime de Pol Pot, pourtant réputé pour être des plus féroces. Aucun coup de feu n’est d’ailleurs tiré de tout le film. Le travail réalisé sur l’apparence physique de Bizot pendant sa détention fait sourire. On est très loin du réalisme un peu trop criant de Midnight Express (1978) ou The Killing Fields (1984), pour mieux se rapprocher du contexte évoqué ici.

    Le paradoxe ultime est celui du bourreau Douch. Angélique et rédempteur, il échange des vers avec Bizot dans un français parfait et semble s’attacher à lui sans le connaître vraiment. On apprendra plus tard sa responsabilité dans la mort de 17.000 opposants au régime. Et c’est encore là que le bât blesse. La relation entre Bizot et Douch, thème central du film, n’est encore qu’une succession de moments trop brefs et n’arrive jamais à exprimer une quelconque profondeur.

    Le Temps des Aveux manque donc cruellement de consistance au niveau du fond. Malgré une photographie soignée, une maîtrise de la forme, l’adaptation du livre de François Bizot n’est pas aboutie. Elle pourra néanmoins satisfaire un public assez néophyte sur le régime Khmer Rouge mais n’arrivera jamais à faire naître un semblant d’empathie envers les protagonistes du film.

    François Lambot
    François Lambot
    Journaliste du Suricate Magazine

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