auteur : Jason Hewitt
éditions : Préludes
sortie : septembre 2015
genre : drame
Juillet 1940. Lydia, une fillette de 11 ans fuit le Pays de Galles pour retrouver sa mère dans leur demeure du Suffolk. Deux mois plus tôt, son père et son frère étant partis sur le front, Lydia fut éloignée des invasions allemandes. A son retour à la maison familiale, sa mère est introuvable. S’installent alors l’angoisse et l’attente. Jusqu’à ce qu’arrive un soldat vêtu d’un uniforme anglais. Il s’installe dans la maison et séquestre Lydia sans lui donner d’explication sur sa présence et réclame obéissance et silence. La cohabitation commence avec le mystérieux homme qui a l’air d’en savoir beaucoup plus qu’il ne devrait sur Lydia…
A la lecture de la première partie du livre, on pourrait dire que Le silence des bombes est un roman de guerre « classique ». Y sont évoqués la haine, la violence, le deuil, la solitude et autres joyeusetés propres à ce genre. Cependant, c’est dans la deuxième moitié de l’ouvrage que l’on perçoit le talent de Jason Hewitt. Il révèle le passé des protagonistes par petites touches bien placées et fait monter la tension au fil des pages. On sent qu’il va se passer quelque chose et cela tient le lecteur en haleine. Du point de vue narratif, c’est également une réussite. L’histoire se déroule sur quelques jours mais la linéarité est cassée par des flashbacks qui donnent un peu d’oxygène au huis clos entre la fillette et le soldat.
Ce qui est fascinant dans ce roman c’est que l’on met le doigt sur les changements que les guerres peuvent provoquer chez l’être humain. Monsieur Tout-le-Monde, adorable père de famille que l’on croirait sorti tout droit de Plopsaland peut se transformer en animal sadique et sanguinaire. Les enfants qui dans la cour de récréation ont la cruauté innée peuvent devenir d’ignobles petites machines à tuer psychiques. Quoi qu’il en soit, tous sont logés à la même enseigne. Jeunes ou vieux, bons ou méchants, soldats ou civils, persécutés ou persécuteurs… tous sont victimes de traumatismes. Chacun a sa part d’ombre, ses deuils à surmonter et sa voie à choisir dans un monde sans repères qui a perdu toute notion de normalité à cause de la folie de quelques hommes.
Mais il n’y a évidemment pas que des larmes et des dépressifs dans ce livre. L’amour, le beau, le vrai aide les personnages à surmonter des drames innommables et surtout à garder espoir malgré les circonstances. Ce sentiment filial, amoureux ou encore fraternel les force à aller de l’avant et le récit ne tombe jamais dans le pathétique. L’amour c’est quand même chouette.
Une bien belle lecture au final, à la fois facile et subtile car au travers des événements subis par les héros, elle place le lecteur face à des questions sur la nature humaine. Celle qui s’impose ici réside en ces quelques mots: comment réagiriez-vous en temps de guerre ? Cette interrogation reste envers et contre tout universelle et intemporelle.