Le Saint-Jazz-Ten-Noode Festival avait lieu du jeudi 24 au samedi 26 septembre et nous avons assisté aux deux premières soirées. Le 24 deux concerts de deux leaders guitaristes étaient programmés à la Jazz Station, ce sympathique et bel endroit qui fêtait ses dix ans d’existence tandis que le festival, lui, fêtait son trentième anniversaire.Autant dire d’emblée que ce lieu était bondé pour la circonstance.
Le premier groupe était celui de Lorenzo Di Maio, qui,comme le disait Thoine Thijs, présentateur ce jour-là,sait tout faire et tout jouer avec sa guitare.
En fait,il s’agissait de son premier concert avec son groupe composé de plusieurs musiciens de la nouvelle et talentueuse génération. On y retrouvait Nicola Andrioli au piano, Cédric Raymond à la contrebasse, Jean-Paul Estiévenart à la trompette et Antoine Pierre à la batterie.
Guitariste surdoué faisant preuve d’une grande finesse et de sensibilité, Lorenzo était très sobre et s’effaçait même à certains moments pour laisser beaucoup de place à ses comparses qui eux aussi n’hésitaient pas à prendre des solos. Lorenzo a présenté exclusivement des compos personnelles avec un répertoire qui privilégie la mélodie et qui est composé aussi bien de ballades que de morceaux plus intenses. Bravo pour une première et le rodage aidant,espérons que cela aboutisse à l’élaboration d’un album.
Le second concert était celui du Hervé Samb Quartet. Hervé Samb qui joue tout et partout, dixit Thoine Thijs, et qui collabore avec des artistes d’horizons différents. Le guitariste sénégalais présentait son dernier album Time to feel et dès le premier morceau, il montrait une de ses facettes en jouant vigoureusement du jazz rock et en démontrant tout de suite sa virtuosité.
Pour le second morceau, il présentait déjà une seconde facette en jouant de la guitare acoustique une superbe ballade rendant hommage à notre compatriote Pierre Van Dormael et au sien Sonny Kouyaté. Quant à la troisième facette, il nous la proposa en jouant du jazz teinté de rythmes africains que soutenait son éblouissant complice Sonny Troupé (Camerounais) à la batterie.
Merveilleusement accompagné à la contrebasse et basse électrique par Reggie Washington, il pouvait également compter sur le solide sax ténor d’Olivier Temine avec lequel il entamait et finissait de concert la majorité des morceaux.
Pour calmer ces rythmes parfois endiablés, il termina ce concert par le morceau calme Daria en acoustique.
Très belle première soirée dans ce lieu « trop petit » pour deux concerts de grande qualité.
Les concerts du 25 et 26 se tenaient au Botanique où l’avantage évident était de présenter ceux-ci en alternance dans les deux salles : l’Orangerie et la Rotonde. Cependant, les concerts d’une heure (très bonne idée) auraient dû être espacés d’un quart d’heure pour ne pas se chevaucher.
La première prestation du soir était celle du Fabrice Alleman Quintet. En fait, Fabrice nous présentait son projet Obviously qui date de 3 ans mais sous une nouvelle mouture occasionnelle.
Effectivement, il passait du quartet au quintet en y ajoutant la subtile guitare plus libérée que la veille de Lorenzo (Di Maio); les autres musiciens étant Lionel Beuvens (batterie), Reggie Washington (contrebasse et basse électrique) et Yvan paduart (piano et fender Rhodes). Fabrice a proposé plusieurs morceaux de son album en commençant par Sister Cheryl de Tony Williams. Ensuite s’enchaînèrent des compositions personnelles raffinées pour lesquelles il passait de la clarinette basse au sax ténor en passant par le soprano. Je retiendrai notamment Suite of the day, compo en trois mouvements et dans laquelle tout était contenu : la mélodie, le swing, les envolées individuelles et le retour au calme.
Pour terminer, Fabrice nous réservait une surprise : Summertime revisité à la sauce soul, funky, groovy. Brillant concert qui initialement devait durer 50 minutes mais pour lequel il joua les prolongations; d’où l ‘intérêt d’espacer un peu les concerts.
Le second concert du jour était celui du Thoine Thijs Trio. Toine,accompagné de notre prodige batteur Antoine Pierre et du super claviériste Arno Krijger (NL) à l’orgue Hammond, a présenté,devant une rotonde pleine à craquer, de nombreux morceaux de son excellent album Grizzly sorti cette année chez Igloo.
A noter que celui-ci a reçu les meilleures critiques et notamment la mention « révélation » en France. Mais revenons au concert où Toine, au sax ténor mais aussi à la clarinette basse, a laissé beaucoup d’espace à ses deux accompagnateurs entre qui le courant passe à merveille et à qui il donne, aussi, carte blanche pour de magnifiques solos.
La musique de Toine, qui n’est jamais en reste avec son humour, est un mélange de mélodies,d’échanges étonnants et de groove. Avec ce trio et cet album, ce fin saxophoniste qu’est Toine a une solide maturité et un répertoire rôdé à toute épreuve.
Le troisième concert et non des moindres était celui du André Ceccarelli Trio.
Dédé, un des meilleurs batteurs au monde, était accompagné de deux pointures mondiales également : Baptiste Trotignon au piano et Thomas Bramerie à la contrebasse. Ce trio, mené finalement par le pianiste, proposa au public, dans lequel il y avait de nombreux musiciens, une majorité de standards improvisés à part deux créations de Baptiste. Chacun des musiciens a pu démontrer ses prouesses techniques au travers de magnifiques solos sur des thèmes swinguants et une musique limpide.
La soirée du 26 s’annonçait chaude avec notamment le Da Roméo and the cazy moodog Band pour clôturer cette édition.
En tout cas, félicitations aux organisateurs pour l’accueil et la qualité de la programmation mais une autre chose est à retenir, c’est qu’il faut suivre de près les prestations qui vous sont proposées, tout au long de l’année, dans ce super endroit qu’est la JAZZ STATION.
Rendez-vous est pris pour l’année prochaine.
Photos : Bernard Rie