Le Robot sauvage
Réalisateur : Chris Sanders
Genre : Aventure, Animation, Comédie, Famille
Nationalité : USA
Date de sortie : 16 octobre 2024
C’est une nuit de tempête. Au matin, le réveil plonge ROZZUM 7134 dans l’inconnu. Qui ? ROZZUM 7134, robot conçu par Universal Dynamics pour faire ce pour quoi on l’a programmé : répondre aux besoins de la personne qui le reçoit. Sauf que l’orage a dévié la trajectoire de notre robot, qui découvre une île peuplée… d’animaux. Ne possédant pas le langage, il va apprendre pour communiquer avec eux et prendre sous son bras métallique un petit oisillon, un bébé oie pour être plus précis.
Le Robot sauvage est un récit d’apprentissage classique : nous avons donc un robot, devenu « Roz » pour les intimes, débarquant sur une planète inconnue (cette île) et qui va faire de cet oisillon son « client ». Pour réussir sa mission, trois choses doivent advenir : l’oisillon Pinktail (en français, Joli-Bec) doit apprendre à manger, à nager et à voler. Accompagné d’un ami renard, Fink, devenu Escobar en français (dont je ne comprends pas très bien la raison initiale à venir en aide au « héros », si ce n’est se faire un ami, ce qui est une bonne raison en soi), le grand robot va donc devenir une « maman » de substitution, ou du moins un parent, lui qui est responsable du massacre de la famille du bébé oie en question (sans pour autant que cet élément narratif n’ait une quelconque importance dans le récit).
On peut reprocher au film Dreamworks un certain caractère programmatique : même si les animaux, très nombreux, virevoltent partout dans un mouvement constant, l’évolution du bébé en oie capable de migrer et de survivre sans son parent d’adoption, suit les pas de tous les classiques, rappelant en quelques images le lionceau devenu adulte du Roi Lion. Pour autant, cette partie reste peut-être la plus belle, même si les scénaristes ne se foulent pas non plus : pour trouver à manger, il suffira… d’un coup de patte du renard pour trouver des vers.
De manière générale, si l’univers est très sympathique, Le Robot sauvage est une sorte de relecture d’Avatar ou Pocahontas et tous les autres récits (colonialistes) avant eux, ou un robot, manufacturé par l’humain, donc représentant l’humain, pénètre dans un monde naturel, se rend irremplaçable, Christ Sauveur, Dieu vivant qui vient expliquer ce qu’est la vie en communauté, comment il faut s’y prendre, surtout arrêter de se bagarrer les uns avec les autres entre espèces, et pour lequel les animaux seront prêts à se sacrifier. Mais là où Le Robot sauvage marque des points, c’est dans la relation spéciale qui se lie entre ce robot, ce bébé oie, le renard et le reste des animaux. Même si c’est à la fois peu marqué et très évident, il découvre l’empathie et surtout, l’amour, qu’il faudra vite et fort se communiquer l’un à l’autre, jusqu’à plus soif.
Cela étant dit, le film fonctionne assez bien, et marchera sans doute du tonnerre avec les enfants. Sans réel temps mort, la caméra se faufile sur cette île boisée et couverte de cascades, suivant les pas de la faune qui l’habite. Les dix premières minutes du Robot sauvage, centré sur l’exploration d’un lieu inconnu peuplé de bêtes sauvages ne parlant pas le langage humain/robotique laissent présager un film de la trempe de Wall-E. Mais le studio Dreamworks n’ira pas rejoindre ce firmament-là.
Les animaux sont légions, tous avec une personnalité bien trempée, « une mission ». L’intrigue est simple, efficace : récit d’apprentissage, fin de mission, recherche d’un nouveau sens à la vie. Si Hitchcock dit vrai, et qu’un film est d’autant meilleur que le méchant est méchant, Le Robot sauvage pêche par contre de ce côté-là. Les « méchants » sont d’autant plus inutiles qu’ils arrivent tard, copiés sur un (mauvais) Marvel et, spoiler surprise, se font très vite remballés.
L’animation, parlons-en, est par contre unique en son genre et renouvelle un peu ce cinéma. Très marqué par l’esthétique pixellisée des jeux vidéo, s’éloignant du standard actuel établi par Pixar (avec ses personnages ronds, tout en guimauve), c’est une pluie de détails mêlant peinture, flou artistique et gaming, avec une palette graphique magnifique, non identifiable, pour dessiner ces animaux et leurs poils, leurs plumes, non pas dans l’hyper-réalisme mais en stylisant leur pelage et leurs grands yeux. On se demande parfois ce qu’on regarde, mais ce mélange de technologie robotique consumériste et de nature sauvage endiablée est plutôt plaisant.