Le pays du passé, l’attrait de la nostalgie

Titre : Le pays du passé
Auteur : Guéorgui Gospodinov
Editions : Folio
Date de parution : 16 mai 2024
Genre : Roman

Voyager dans le temps est un thème récurrent de la littérature de science-fiction. Mais Le pays du passé de l’écrivain bulgare Guéorgui Gospodinov n’est pas une simple dystopie, c’est une réflexion profonde sur la nostalgie, notre attachement profond au passé et les conséquences désastreuses que cette addiction pourrait produire dans le scénario loufoque mais néanmoins réaliste proposé par l’auteur.

Et s’il devenait possible de retrouver son passé ? C’est ce qu’imagine le mystérieux Gaustine en fondant une clinique où chaque patient peut replonger dans l’époque favorite de sa vie grâce au décor de sa chambre. L’artifice paraît simple et sans danger, mais la tentation d’échapper au présent peut se révéler périlleuse : qu’adviendrait-il de l’Europe si ses États membres étaient gagnés par cette envie ? Comment vivre dans des époques différentes, si, le cas échéant, chaque Etat choisissait une période différente ?

Métaphore

Le pays du passé est un ouvrage que l’on peut appréhender de diverses manières et peut servir de point de départ à de nombreux questionnements philosophiques. Certains se concentreront sur l’idée très humaniste d’aider ceux qui ont progressivement perdu la mémoire et discourront sur la tragédie que cette perte représente pour des millions d’individus, enfermés dans un corps duquel ils perdent peu à peu le contrôle. D’autres y verront plutôt une métaphore de la société moderne, dont une partie, effrayée par la vitesse des changements, tant technologiques que sociétaux, se réfugie dans un passé fantasmé, réécriture de l’histoire à laquelle participe de nombreux politiciens en quête de pouvoir.

Mais pour faire la synthèse de ses deux idées, on pourrait dire que le roman de Guéorgui Gospodinov évoque avant tout les histoires qu’on croit connaître comme vérité, celles qu’on invente pour se rassurer, la perception et l’interprétation de la réalité étant plus forte que la réalité elle-même.