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    Le musée du Louvre-Lens présente des animaux et des pharaons

    A 150 km de Bruxelles, le Musée du Louvre-Lens fête ses deux ans avec un bon bilan général : plus de 530 000 visiteurs ont foulé le sol de cette antenne du Musée du Louvre et participé aux nombreuses activités mises en place par l’équipe de 70 personnes qui travaille dans cette institution. Preuve que l’engouement pour l’art ne faiblit pas.

    On y a découvert La Galerie du Temps et l’exposition Des animaux et des pharaons.

    La Galerie du Temps est un vaste espace de 3000 m² qui accueille des expositions imaginées et créées pour 5 ans à partir d’œuvres prêtées par le Louvre. Dans cette unique et immense salle, est exposé un échantillon des œuvres les plus représentatives de leur époque en commençant par l’invention de l’écriture en Mésopotamie 4000 ans avant J.-C. pour finir avec la révolution industrielle au milieu du XIXe siècle.

    La muséologie de la Galerie du Temps permet une lecture autant horizontale, avec une chronologie bien respectée, que dans l’espace en profondeur. Là, se côtoient autant des objets d’art décoratifs tels que tapis d’Orient et pièces de verrerie, que des vases de l’Antiquité égyptienne, des statuettes de l’Orient ancien, des chapiteaux de l’art chrétien du Moyen Âge accompagnés de reliquaires et d’un gisant, des peintures des grands maîtres de la Renaissance tels que Botticelli ou Raphaël, ou encore des chefs d’œuvres de l’art Baroque, du Classicisme français mais aussi la peinture du Néoclassicisme avec deux magnifiques tableaux de Jean-Auguste-Dominique Ingres et de Jacques-Louis David et enfin, des toiles de maîtres qui ont vécu lors de la révolution industrielle en France au milieu du XIXe siècle tel que Camille Corot.

    La Galerie du temps - 3

    © Musée du Louvre-Lens / Philippe Chancel

    Cette collection permanente du musée lensois n’est pas figée grâce aux rotations des œuvres d’art. En effet, certaines œuvres sont remplacées chaque année par d’autres, équivalentes ou du même artiste. Cette année, plus d’une vingtaine de nouveaux chefs d’œuvres prennent place dans la Galerie du Temps tandis que ceux qu’ils remplacent retrouvent leur lieu de conservation attitré dans le musée du Louvre. De cette manière, le Portrait de Dona Isabel de Requesens, vice-reine de Naples, dit autrefois Portrait de Jeanne d’Aragon de Raphaël remplace l’Autoportrait avec un ami de ce même célèbre peintre tandis que la Statuette dite « l’Adorant de Larsa » remplace le Portrait royal : le roi de Babylone Hammurabi pour ne citer qu’eux en exemple.

    Toutes ses œuvres sont confrontées ici dans une même et unique salle tandis qu’au Louvre, elles sont séparées parce qu’elles appartiennent à des époques différentes. Cette configuration inédite nous permet d’avoir un autre regard sur les œuvres qu’il est très intéressant de découvrir.

    Dans l’une des ailes du musée du Louvre-Lens, dont l’armature centrale de verre et d’acier, immense et un peu futuriste, laisse entrer des flots de lumière naturelle, se trouve aussi, depuis le 5 décembre et jusqu’au 9 mars 2015, une nouvelle et magnifique exposition : Des animaux et des pharaons.

    Elle rassemble 430 objets autour du thème de la figure animale qui est omniprésente dans la civilisation de l’Egypte ancienne. L’exposition se divise en 9 sections. La première s’ouvre tout d’abord sur une présentation de la faune vivant en Egypte à cette époque : hyène, vautours fauves, oies cendrées ou hérisson taxidermisés, squelette d’ibis, peigne en bois avec sculpture de bouquetin un genou à terre, cuillers d’offrandes en onyx, sculptures de bélier ou de chat, etc.
    Dans la seconde salle, on oriente notre regard sur le comportement environnemental des animaux avec de très beaux décors végétaux peints, des aquarelles effectuées d’après des hiéroglyphes décorant une tombe et un très bel hippopotame en faïence égyptienne bleue. A noter aussi, deux diaporamas qui diffusent des images de paysages et de contextes environnementaux qui complètent les œuvres exposées.

    Lens hippopotame

    Faïence égyptienne © Musée du Louvre

    Ensuite, la troisième section nous présente l’animal comme moyen de subsistance : de la consommation, avec par exemple un très beau bas-relief représentant une scène de pêche, à l’offrande alimentaire avec notamment un corps de petit caprin desséché et de jolies cuillers d’offrande en bois. Les deux sections suivantes abordent successivement l’utilisation de l’animal dans l’agriculture ou le transport et leur emploi comme matière première et puis, l’animal domestiqué avec le fac-similé de la chapelle du mastaba d’Akhethetep, l’original qui se trouve au Louvre étant évidemment intransportable. Même si cette réplique n’est pas très esthétique ni très ressemblante, cela permet néanmoins de mieux observer et comprendre les représentations hiéroglyphiques du festin de l’au-delà de ce haut fonctionnaire égyptien.

    Les salles suivantes s’axent quant à elles sur la transposition de l’animal vers un autre degré de considération: l’utilisation intellectuelle de la forme animale. En d’autres mots, le passage vers la sacralisation des animaux qui incarnent l’idée du divin. Un peu plus loin, on tombe sur une impressionnante salle remplie de momies d’animaux pourvue d’un écran tactile qui proposent de manipuler virtuellement certaines d’entre elles et qui permet aussi de les dépouiller petit à petit pour arriver jusqu’au squelette.

    Lens Momie de chat

    Momie de chat © Musée du Louvre

    Enfin, l’exposition se termine sur le thème de l’animal, symbole de la toute-puissance royale et divine avec notamment ce beau et imposant bas-relief qui avait été offert en cadeau à Napoléon Ier avec une des obélisques se trouvant à l’entrée du temple de Louxor. Il représente quatre babouins les mains en signe d’adoration du soleil. Ce bas-relief devait originellement accompagner l’obélisque sur la place de la Concorde, mais ce projet ne put être mené à bien car les gens de l’époque furent choqués par la nudité de ces babouins adorateurs du soleil.

    Toutes les salles présentent des œuvres sans distinction de chronologie sauf dans la section des momies parce que cette pratique d’embaumement des animaux est très circonscrite dans le temps. Cette coutume d’élever un animal au rang de divinité ne commence en fait que durant le Nouvel Empire (1550-1069 avant J.-C.) mais c’est sous la 30e dynastie (entre 664 et 332 avant J.-C.) que le phénomène se répand dans toutes les provinces du pays avec l’ouverture de nécropoles dédiées à un très grand nombre de momies animales.

    Toutes les œuvres présentées ont été choisies avec soin et une partie de ces objets d’art n’ont jamais été dévoilés au public jusqu’à ce jour parce qu’ils attendaient patiemment leur heure dans les réserves du Musée du Louvre. Aujourd’hui, les voilà enfin en pleine lumière pour notre plus grand plaisir. Une exposition tout à la fois émouvante et extrêmement intéressante qu’il ne faut pas hésiter à découvrir.

    Plus d’infos:
    Exposition: Des animaux et des pharaons jusqu’au 9 mars 2015
    Musée du Louvre-Lens: http://www.louvrelens.fr/

    Daphné Troniseck
    Daphné Troniseck
    Journaliste du Suricate Magazine

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