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    Le murmure, que l’éternité soit une pluie continuelle de notes de piano  

    Titre : Le murmure
    Auteur : Christian Bobin lu par Noam Morgensztern
    Éditions : Gallimard
    Date de parution : 1er février 2024
    Genre : Livre audio – poésie

    Christian Bobin est poète. C’est dans les derniers mois de sa vie et sur son lit d’hôpital qu’il a écrit ses derniers vers, dans cet ouvrage posthume qui sort deux ans après sa mort. Il aura laissé plus de cinquante livres derrière lui, plutôt courts généralement. Ici, c’est Noam Morgensztern de la Comédie-Française qui le lit, avec une joie de vivre et une foi dans le monde d’après impressionnante.

    C’est le premier livre que je lis (ou que j’entends) de Christian Bobin. Il est compliqué pour moi de critiquer ou de mettre une note à ce murmure, tellement cet univers est éloigné du moins. Le livre entier semble composé de phrases relativement indépendantes les unes des autres, même si des fils conducteurs se dessinent : Bobin déclarant son amour à la vie, parlant de l’ écriture, de l’hôpital, des infirmières et de la maladie, des nuages, de Chopin, Sokolov et des pianos, de Dieu et vers la fin, de manière plus évidente, dévoilant sa passion pour un être aimé.

    Il n’y a quasiment aucune phrase qui ne se veut métaphore imagée. « Un piano est une lourde hirondelle », « croquer une bougie redonne des forces », « l’absolu est ce silence qui suinte des lèvres des mères ». Tout ce livre est écrit comme un livre de développement personnel niais, sans toutefois le contenu vide du développement personnel : c’est la répétition inlassable des mêmes idées sur la lumière, l’espoir, la nature, les pianos, la musique, l’amour, Dieu, la sève, et tout coule et s’entremêle pour créer des images très « premier degré », sans jeu de mots ou recherche particulière langagière. On pourrait dire que Terrence Malick fait pareil sauf qu’il le fait mieux, moins frontal peut-être.

    Quand tu écoutes ce livre, tu te demandes à quoi tu peux t’accrocher, pour rester attentif, comment résister au sommeil, à l’assoupissement (nous ne sommes pas obligés d’y résister), à l’ennui peut-être aussi. Plus le livre avance, plus Noam Morgensztern énonce d’une voix forte, porteuse d’innocence, ces évidences pseudo-poétiques, plus Le murmure agace, crée une tension interne qui questionne et interroge le procédé artistique de l’auteur.

    La foi, la religion sont partout, tout comme l’amour. Bobin cherche à parler de l’invisible, d’un contact divin avec l’au-delà.  La démarche est intéressante, mais il faut le savoir en se procurant l’ouvrage. Dieu est présent en mots. La femme, parce qu’il n’y aurait qu’une seule femme les représentant toutes (« Je sais ce qu’est une vraie femme et que même Dieu est petit à côté »), créature rêvée, fantasmée qui donne du poids et un sens à l’existence. Une femme en particulier. « Tu aides Dieu à compter l’argent qu’il n’a pas », « Il faut que tu saches que je trouve tout merveilleux, y compris la douleur, parce que tu es le sommet de la merveille qui n’en finira jamais ».        

    Christian Bobin est conscient de ses effets, il le dit lui-même : les critiques cyniques ne seront pas tendres sur son ouvrage. Je ne crois pas qu’on doive nécessairement être cynique pour critiquer cette ouvrage. Je trouve son amour pour la vie magnifique, très premier degré, alors qu’il est en train de mourir. C’est ce style littéraire imagé redondant et tellement fleur bleue qui laisse un peu éberlué, sans trop savoir qu’en faire. Par contre, c’est franchement beau et admirable qu’un homme comme lui, au bord de la mort, continue de s’épancher sur ce qui fait de la vie une fête, et affronte la mort sans une once de peur apparente, aidé il est vrai par sa foi religieuse qui le pousse à être persuadé que tout son être sera réuni avec son amante dans l’éternité.  

     

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