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    « Le mage du Kremlin », écran de fumée

    Titre : Le mage du Kremlin
    Auteur : Giuliano da Empoli
    Editions : Folio
    Date de parution : 4 janvier 2024
    Genre : Roman

    Premier roman de Giuliano Da Empoli, écrivain, enseignant et conseiller politique, Le mage du Kremlin nous emmène dans les arcanes du pouvoir russe en suivant Vadim Baranov – librement inspiré du personnage de Vladislav Sourkov, ancien conseiller de Vladimir Poutine – témoin capital de la prise de pouvoir du dirigeant russe et de sa rapide émancipation des hommes – dont Boris Berezovsky – qui l’ont placé au sommet.

    Ainsi, du chaos des années nonante à la consolidation de la verticale du pouvoir en Russie, de la guerre en Tchétchénie à la cérémonie des jeux olympiques d’hiver à Sotchi, c’est plus d’un quart de siècle que l’on parcourt dans la tumultueuse Russie post-soviétique, un pays gangrené par le chaos et la corruption lors de l’effondrement de son empire, et qui utilise à présent le chaos hors de ses frontières pour exister sur la scène internationale.

    Critiquer la forme du roman serait malvenu, tant l’écriture est fluide et que l’auteur, par son sens du rythme, nous tient en haleine du début à la fin. Une fois débuté, la lecture est presque hypnotique et malgré un certain malaise quant aux propos tenus, on ne peut s’empêcher de tourner les pages de ce passionnant ouvrage.

    Un récit enjolivé

    Là où le bât blesse, c’est lorsque durant 300 pages, l’auteur offre une tribune à une certaine vision de la Russie sans élément de contexte ni voix critique par rapport au discours et à la pensée d’un dictateur. Là où le sujet aurait pu être traité dans un essai, la forme du roman enjolive et mythifie la réalité, faisant apparaître le mage comme un simple analyste de la vie politique russe alors qu’il en est le principal promoteur.

    Rien de neuf

    De plus, alors qu’il se veut être le grand roman de la Russie moderne, on a l’impression, en tant que lecteur averti, que l’auteur ressasse de nombreux lieux communs afin d’émerveiller son public, lui promettant de révéler le dessous des cartes alors que la plupart des faits ont déjà été analysés dans d’autres ouvrages.

    Le mage du Kremlin s’adressera dès lors à un public qui voudrait découvrir la vision politique russe officielle tout en ne voulant pas s’encombrer d’analyses approfondies sur les principaux protagonistes qui la composent. Un roman qui se lit très facilement mais laisse un goût amer sur la langue.

    Vincent Penninckx
    Vincent Penninckx
    Responsable BD

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