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    Le Luminor, temple de la fesse

    Le FFF, subversivement vôtre

    luminor hotel de ville

    Samedi dernier, nous sommes partis à Paris. Non pas pour visiter la Tour Eiffel ou manger une omelette à 20€ sur une table du même prix, mais bien pour faire la découverte d’un festival décalé et subversif, le Festival du Film de Fesses.

    Alors que nous parcourions les rues encombrées du quartier du Marais et sa population très éclectique, nous voilà devant l’antre accueillant l’évènement : le cinéma Luminor. Discret dans une rue du Temple qui voyait défiler pour l’occasion la Gay Pride, cette endroit intimiste nous ouvrait ses portes pour une soirée très originale où vont s’entremêler films expérimentaux, films gays et film érotique de années 70.

    Des choix assez variés, adaptés en fonction de l’évènement festif extérieur, que revendiquent les deux organisatrices de l’évènement Maud et Anastasia : « Nous abordons tous les types de sexualité comme ce soir l’homosexualité et demain la zoophilie {…} Nous n’avons pas de tabou dans les choix de programmation du moment que nous avons affaire à des films de cinéma et non à des films masturbatoires ».

    Le FFF est donc avant tout une question d’érotisme, de sensations, d’émotions avant d’être un festival de fesses à proprement parlé. C’est du moins l’objectif avoué : « L’intention était de parler du sexe autrement de ce que l’on peut voir aujourd’hui avec la génération YouPorn ou Jacquie et Michel. {…} Les gens qui viennent au festival sont parfois étonnés de voir que l’érotisme peut être autre chose que l’acte sexuel en lui-même ».

    Pourtant, les deux jeunes femmes n’ont rien de Sainte Nitouche et avouent aimer les films qu’elles ont choisis préalablement. Sans langue de bois, elles défendent l’idée d’une autre sexualité, plus sensuelle, peut-être plus féminine au demeurant. Et devant notre interrogation face à une programmation sans réelle thématique ciblée si ce n’est un focus sur la filmographie d’un réalisateur (en l’occurrence Walerian Borowczyk), elles répondent avec aplomb : « Nous ne nous imposons aucun thème précis car, par exemple, ce serait assez lassant de faire cinq jours de festival autour du thème de la pipe ».

    Une équipe dévergondée pour un programme qui l’est tout autant, nous nous délections dès lors des projections à venir en soirée et là, nous sommes repartis légèrement déçus.

    De l’expérimental, du gay et de l’orgue à foison

    interieur d'un couvenrt

    Xpanded Bodies est le segment court du festival. C’est un collectif de jeunes qui a cette fois lancé un appel à des films expérimentaux dédiés à la culture queer. Dès le premier court, on se rend compte du problème que vont nous causer ces projections expérimentales : des concepts parfois intéressants mais tirant extrêmement en longueur (un comble pour des courts). Seul le deuxième (une danse amoureuse d’un couple pas si conventionnel que prévu) et le dernier court-métrage (un court gay hard et drôle où la masturbation fait penser au Magicien d’Oz et la Sainte-Vierge) méritent un intérêt certain du public, pour leur beauté ou leur folie. Expérimental ne veut pas dire forcément trou intersidéral.

    Internal Body Shots est un documentaire allemand de Jasco Vlefhues qui interroge Hans, Can, Grete et Coco sur leur sexualité et plus précisément leurs premiers ressentis par rapport à leur corps et/ou leur bite. Même sans s’intéresser aux questionnements sexuels de ces personnes n’ayant pas toujours la sexualité en adéquation avec leurs corps, on ne peut qu’être intrigué par ce documentaire qui plonge totalement dans la psyché de ces personnages totalement intéressants. Le parti pris de laisser le sexe des protagonistes aux caprices du vent renforce la puissance de ce documentaire ne durant pourtant que 12 minutes.

    Nova Dubai intrigue au début, on suit un couple gay traversant la vie sans trop se poser de questions et cherchant des nouveautés sexuelles. Le but du Festival étant de montrer une sexualité parfois crue mais surtout cinématographique, il n’est pas du tout atteint dans ce moyen-métrage qui finalement n’est que prétexte à des scènes pornographiques. Comme le héros se plaignant que les hommes des pornos homosexuels ont tous des gros pénis, alors que lui-même, possède un bon 20cm. Cet objet brésilien n’apporte finalement rien et on oublie très vite l’histoire pour ne garder que les scènes de pénétrations et de fellations plus marquantes que le sujet social voulu.

    Intérieur d’un couvent de Walerian Borowczyk surfe sur la vague qui l’a fait connaître : le film érotique (même s’il s’en défendait). S’inspirant a priori d’une partie des Promenades dans Rome de Stendhal, Borowczyk tente d’expliquer les rapports difficiles entre sexe et religion dans les murs clos d’un couvent à la Mère supérieure autoritaire. Si le début nous fait penser à Contes Immoraux ou aux scènes de couvent dans Le Décameron (Pasolini), on va vite regretter ce film mineur du maestro polonais : jeux d’acteurs ridicules ; musique d’orgue permanente, inaudible et agressive ; répétitions de scènes perpétuellement du même type (transgression-punition) ; une histoire qui ne démarre jamais vraiment.

    Il faut bien sûr admettre que nous n’avons vu qu’une partie de la programmation, riche de 5 jours de festival et que, comme cité par les deux organisatrices, le samedi est le jour le plus difficile du festival, concurrence de la gay pride oblige. De toute façon, le Festival du Film de Fesses est à suivre ne fut-ce que pour son approche originale.

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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