scénario : Stephen Desberg
dessin : Griffo
éditions : Le Lombard
sortie : novembre 2014
genre : aventure, histoirque, polar, thriller
Jay Sherman est l’incarnation même du rêve américain. Parti de rien, ayant grandi dans la rue, il est à la fleur de l’âge un directeur de banque dont le fils s’apprête à concourir pour les élections présidentielles des Etats-Unis. Le secret de ce self-made man ? Il est hanté par une promesse ou plutôt un souhait, celui de son père de voir un des membres de leur famille devenir président. La vie avance donc telle que Jay Sherman l’avait envisagé jusqu’au jour où, après un meeting politique, son fils se fait assassiner par balle à sa sortie de scène. Après ce drame, la vie de Sherman va basculer dans une chasse à l’homme sans relâche, reste à savoir qui en est la proie…
Pour comprendre ce qui lui arrive, Jay Sherman va livrer son passé à la policière chargée de sa surveillance et de sa protection. Il va de son enfance dans les rues new-yorkaises jusqu’aux premiers pas de sa réussite en passant par sa rencontre avec sa femme, fille de banquier. L’histoire se compose ainsi d’allées et venues entre passé et présent, à la recherche d’une vérité qui met son temps à se dévoiler. Jay cherche éperdument un évènement ou de vieilles rancoeurs qui pourraient justifier tant de haine envers sa personne. Il faut cependant espérer que ce soit avec beaucoup d’ironie qu’il déclare dans le premier tome ne pas savoir ce qui pourrait pousser quelqu’un à lui en vouloir autant. Car plus l’histoire avance, plus le passé de Jay Sherman s’annonce sombre, marqué de mensonges, de trahison et de violence.
La bande dessinée porte en elle l’influence des grands classiques de Van Hamme et tout particulièrement des débuts du célèbre XIII. L’intégrale de Jay Sherman ne joue pas dans la même cour mais reprend cependant certains de ces grands ingrédients. Au final, le dévoilement progressif du passé chargé de Sherman est un rythme qui fonctionne car il ne fait qu’augmenter l’intérêt du lecteur pour cet homme plein de mystères. Nous regretterons quand même les nombreuses répétitions inutiles de scènes clés qui renvoient à une vision fort scolaire de la lecture. Il n’empêche que le duo Desberg-Griffo fonctionne et offre une histoire historico-politique bien ficelée qui nous fait voyager des années 30 aux années 50 et des Etats-Unis à l’Europe sans un faux pas.