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    « Le Livre d’Ebenezer Le Page », l’œil de Guernesey

    Titre : Le Livre d’Ebenezer Le Page
    Auteur : Gerald Basil Edwards
    Editions : Monsieur Toussaint Louverture
    Date de parution : 6 octobre 2022
    Genre : Roman

    Guernesey, la voisine méconnue de Jersey fait rarement parler d’elle. Mais à chaque personne qui termine Le Livre d’Ebenezer Le Page, c’est un peu comme si l’île anglo-normande gagnait un habitant. On se sent à la fois à l’intérieur de cette communauté dont Ebenezer, conteur misanthrope, nous a livré l’histoire, et pourtant toujours étranger à ce petit entre-soi.

    Trop méfiant, Ebenezer a observé les gens plus qu’il ne les a côtoyés. Alors, qui sinon ce vieux loup solitaire de 80 ans aurait pu retranscrire avec une telle force de détails la vie de l’île et de ses habitants ? Son histoire connaît des guerres, des départs, des chamailleries, des progrès. Comme des ombres que le temps fait disparaître, se croisent amis, cousins, famille – ce qui revient plus ou moins au même puisque, sur cette île, tout le monde semble être un peu parent. Mais quoiqu’il arrive, Ebenezer reste là, indéfectiblement attaché à son île.

    Ebenezer, malgré son grand âge, pose sur toutes ces existences, un regard naïf, aussi candide que celui d’un enfant. Il n’hésite pas à faire profiter le lecteur de considérations qui, pleines d’une simplicité ironique, montrent toute l’absurdité dont ces vies sont remplies. Il y a la Hetty et la Prissy, jumelles envieuses et hargneuses, toujours trop occupées à se crêper le chignon. Ou encore Jim, le gentil Jim dont même les vaches profitent. Mais malgré le comique de certaines situations, on se retrouve assez vite face à nos propres contradictions. Le rire devient une manière d’aborder, toujours avec légèreté, des sujets qui peuvent fâcher : les incohérences de la religion ou encore les relations entre l’Angleterre et son territoire d’ « outre-Manche ». En voilà donc un roman bien riche que nous propose l’auteur Gerald Basil Edwards. Mais parfois l’abondance d’évènements et de personnages rend l’ensemble un peu dense. Et quand on commence à avoir besoin de faire un arbre généalogique pour se souvenir de tout, c’est qu’il faut un peu s’accrocher.

    Avec ce nouveau roman, Monsieur Toussaint Louverture signe une belle ré-édition d’un classique de la littérature anglophone. Déjà publié en français sous le titre Sarnia – hommage à l’hymne guernesiaise – Le Livre d’Ebenezer Le Page est un peu le journal intime d’un petit bout de terre dans l’océan.

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