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    Le jeu de l’amour et du hasard : un quatuor étincelant dans les jardins du Parc

    Juste avant le printemps, Marivaux est à l’honneur au Théâtre du Parc. Lisette (Laurie Degand), Silvia (Phèdre Cousinie Éscriva), Arlequin (Antoine Minne) et Doriante (Quentin Minon) évoluent dans de magnifiques jardins dignes de Versailles. Chef-d’œuvre de 1730, cette nouvelle version du Jeu de l’amour et du hasard rend hommage au grand écrivain en sublimant quiproquos et péripéties jubilatoires grâce à une mise en scène dynamique, subtile et originale signée Daphné D’Heur, et un décor enchanteur. Même si l’intrigue et son issue sont connues de la plupart d’entre nous, on attend avec impatience cette nouvelle interprétation de saynètes jouées depuis trois siècles. Un petit bijou.

    Lisette et Doriante sont promis l’un à l’autre. Toutefois, face aux craintes de la future mariée, son père (Emmanuel Dell’Erba) lui assure qu’elle ne sera pas contrainte d’accepter son prétendant. Elle lui demande alors si sa servante, Silvia, pourrait prendre sa place, afin d’observer discrètement Doriante sans qu’il ne se doute de rien. Le père, compréhensif, accepte d’autant plus volontiers qu’il a été prévenu par son ami, le père de Doriante, que ce dernier a eu exactement la même idée !

    Toutes les scènes se déroulent dans un somptueux jardin à étages, au feuillage impeccablement taillé. Évidemment, les faux domestiques sont vite impressionnés par l’esprit de leur prétendu égal, tout comme ils sont choqués par les manières de leur maître. Le père, complice, apparaît et disparaît tel un clin d’œil facétieux. Le frère de Lisette (Benjamin Van Belleghem ), lui aussi de la partie, s’amuse du jeu des jeunes tourtereaux.

    Le spectacle est rythmé par de petites chorégraphies sur des succès musicaux comme Ma fille de Serge Reggiani ou La nuit se traîne de Petula Clark (création musicale de Guillaume Istace). Interprétées en playback avec entrain, ces séquences sont un véritable régal. Quant aux costumes (Chandra Vellut), ils échappent à toute époque précise : loufoques et colorés, ils accentuent la bonne humeur qui se dégage de la pièce. Même la lumière (Philippe Catalano) s’y associe, recréant un ciel plus vrai que nature dans ce jardin à la française, un ciel qui épouse avec justesse l’humeur des protagonistes.

    On l’aura compris, cette création est une réussite : ce vieux Marivaux tient encore la route en 2025 ! Un théâtre dont le but est de divertir, et qui y parvient avec brio, alliant sourires, esthétique et langage châtié, mettant en vedette le passé simple. À redécouvrir sans tarder : les bonnes comédies sont rares.

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    De MarivauxMise en scène de Daphné D'HeurAvec Emmanuel Dell'Erba, Antoine Minne, Benjamin Van Belleghem, Laurie Legrand, Phèdre Cousinie Escriva, Quentin MinonDu 13 mars au 12 avril 2025Au Théâtre du Parc Juste avant le printemps, Marivaux est à l’honneur au Théâtre du Parc. Lisette (Laurie Degand),...Le jeu de l’amour et du hasard : un quatuor étincelant dans les jardins du Parc