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    Le Grand Bain, aquathérapie

    Le Grand Bain
    de Gilles Lellouche
    Comédie dramatique
    Avec Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde
    Sorti le 24 octobre 2018

    Ce nouveau long metrage raconte l’histoire de Bertrand (Mathieu Amalric), un père de famille quarantenaire qui a perdu la flamme qui l’animait autrefois. Dépressif, oisif, distant des autres et de ses proches, c’est un homme éteint que l’on voit se mouvoir péniblement du lit au sofa pour jouer à Candy Crush, non sans oublier son petit déjeuner de pilules en tout genre pendant que les enfants sont à l’école et que sa femme travaille à la banque. Les jours passent et Bertrand ne retourne toujours pas au travail. Il se dit qu’il n’est pas prêt. Il manque cruellement de confiance en lui. Et puis, il faut le reconnaître, l’oisiveté a ses vices et le confort de son cocon ne le presse pas à retrouver sa vie d’avant.

    Et puis, le jour fatidique arrive et Bertrand se voit convoqué par sa direction des ressources humaines. Lui qui pensait pouvoir se défendre et montrer qu’il était enfin prêt à reprendre son poste, se voit prendre la porte et se retrouve donc sans emploi. La situation est donc rude pour Bertrand qui se voit sombrer davantage dans cette spirale infernale.

    Heureusement, Claire (Marina Foïs), sa femme, le soutient dans cette épreuve et son appui va lui porter chance. Un jour, alors qu’il attend sa fille à la sortie d’une salle de sport, Bertrand voit une annonce affichée sur un des murs. L’équipe locale de natation synchronisée masculine cherche quelqu’un pour compléter son équipe.

    Cette fois, ça y est, Bertrand a trouvé un but à sa vie. Ni une, ni deux, il se présente à Delphine (Virginie Efira), l’entraineuse de l’équipe. Une entraineuse qui a l’air pour le moins dissipée tout comme son équipe de bras cassés. Bertrand n’est clairement pas un athlète. Pourtant, Delphine l’accepte sans broncher. Il va ainsi faire la connaissance de Laurent (Guillaume Canet), Marcus (Benoît Poelvoorde), Simon (Jean-Hugues Anglade), Tierry (Philippe Katerine), Basile (Alban Ivanov) et Avanish (Balasingham Thamilchelvan), cette fameuse équipe masculine qui vise sa participation aux championnats mondiaux de cette discipline si particulière. Mais comme Bertrand va vite s’en apercevoir, aucun d’entre eux n’a un niveau sportif valable pour un tel exploit. Malgré tout, Bertrand s’accroche et s’attache à ces hommes qui, comme lui, connaissent des déboires dans leur vie familiale et professionnelle. Après les entrainements, dans le vestiaire, cette équipe va devenir peu à peu un groupe de parole où chacun exprimera ce qu’il ressent au fond de lui. Avec eux, Bertrand va se retrouver et regagner confiance en lui pour le plus grand bonheur de sa famille. Il va enfin faire le grand plongeon vers sa nouvelle vie.

    Avec Le Grand Bain, Gilles Lellouche nous présente une œuvre emplie d’émotions. Son personnage principal, Bertrand, évolue de façon magistrale et nous offre là une belle leçon de vie. Au début, il subit cette situation qui est en train de lui échapper petit à petit. On le voit sombrer et patauger dans cette vie sociale qui le submerge et dans laquelle il essaie malgré tout de survivre en gardant la tête hors de l’eau.

    Mais alors que son avenir paraît sans espoir, il va renaître tel un phénix en reprenant sa vie en main d’une façon, certes particulière, mais néanmoins efficace. Les personnages secondaires sont très touchants également. Chacun apporte un peu de son humanité dans ce film et on ne peut ressentir que beaucoup d’empathie pour ces hommes à qui la vie n’a pas fait de cadeau. Pas plus qu’à leurs entraineuses d’ailleurs. Il y a un très grand contraste entre ceux qui vivent une vie soi-disant parfaite et la dégringolade sociale de Bertrand. Le réalisateur met aussi en avant cette injustice que notre société provoque envers celles et ceux qui ont raté le train en marche. Il nous montre aussi qu’il ne sert à rien de se forcer à rentrer dans le rang. Que tôt ou tard, avec de la volonté, on peut aussi connaître son heure de gloire même si on est différent et pas parfait.

    Avec ce Rasta Rockett à la française, Gilles Lellouche nous offre une œuvre qui donne du baume au cœur face à l’absurdité de notre société. Certains y verront un film sans doute trop naïf. Mais c’est justement quelque chose que l’on ose trop peu de nos jours et Gilles Lellouche a eu le culot de nous faire croire à ce conte pour finalement porter ce message d’espoir au public.

    Le Grand Bain est certainement le genre de film qui permettra à tout un chacun de trouver un paliatif à la morosité et au désespoir qui ont tendance à prendre bien trop de place dans notre société moderne.

    Christophe Pauly
    Christophe Pauly
    Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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