Le Goût des merveilles
d’Éric Besnard
Comédie, romance
Avec Virginie Efira, Benjamin Lavernhe, Julie Fagedet, Léo Lorléac’h
Sorti le 23 décembre 2015
À l’approche des fêtes, et en guise de contre-programmation au bulldozer Star Wars, certains producteurs y vont de leur petit « feel-good movie » de fin d’année. Dans cette optique-là, Le Goût des merveilles est le film idéal pour ceux qui n’ont pas peur des bons sentiments tous publics ou d’une réalisation standard à base de lumière éclatante et de champs/contre-champs « téléfilmesques ».
Exploitant tant bien que mal la plantation de poiriers laissé par son mari défunt, avec l’aide de ses deux enfants, Louise voit débarquer un mystérieux inconnu dans son quotidien compliqué. Manquant d’abord de l’écraser, elle s’aperçoit assez vite que celui-ci est atteint d’un syndrome d’autisme qui lui donne à la fois une grande faculté d’émerveillement, un don pour les mathématiques et une certaine difficulté à communiquer.
Évidemment, le personnage de l’autiste mystérieux sera bénéfique à la famille de Louise, puisqu’il est présenté d’emblée comme une sorte d’ange-gardien presque surnaturel. Le film tente bien de développer une dimension plus réaliste en explorant le passé de cet homme différent et ses secrets, mais on sent bien que ce n’est absolument pas ce qui intéresse Éric Besnard. Le personnage de Pierre n’est qu’une figure emblématique, un sauveur providentiel qui aidera malgré lui la gentille petite famille à surmonter ses difficultés.
Et c’est là que se situe le principal problème du film, puisque difficulté il n’y a quasiment pas. Tout est tellement lisse et « joli » dans ce film à la gentillesse chronique que l’on peine à croire qu’il y ait le moindre enjeu à la clé derrière ce tableau si parfait. Il ne fait aucun doute que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes, et cela pour tous les personnages. L’optimisme est certes une belle valeur, mais au cinéma, son utilisation presque systématique peut vite devenir ennuyeuse.
Ce qui est le plus crispant dans tout ça, c’est de voir à quel point la plus petite sortie de route semble impossible, au nom de la joliesse et du politiquement correct. Ainsi, si la piste de la romance entre Louise et Pierre est bel et bien esquissée, elle ne sera jamais développée et traitée en bonne et due forme, probablement parce qu’il est inconcevable – dans une logique consensuelle et grand public – de montrer une relation entre deux personnes d’ont l’une est considérée comme handicapée. La suggestion aura donc bon dos lors d’un final hypocrite, et les moutons seront bien gardés.