auteur : David Epstein
éditions : Talent Sport
sortie : octobre 2014
genre : essai
Et s’il ne servait à rien de se lancer dans des exercices répétitifs et fastidieux en vue de progresser ? S’il était inutile de lutter quotidiennement pour devenir meilleur et que la réussite de toutes nous entreprises se situait au-delà de notre propre bon vouloir ? Entre échec et victoire, l’ADN peut-il à lui seul trancher pour nous ? En bref, qui de l’inné ou de l’acquis nous définit-il ? C’est à ces questions qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre, et sans doute de larmes d’impuissance et de frustration, que s’attaque ici David Epstein.
Certes, comme l’annonce le titre, c’est surtout de sport qu’il s’agira. Pourtant, cet ouvrage prend une ampleur qui dépasse les limites des terrains de tennis et des pistes d’athlétisme. D’une part, parce que le génie ne s’arrête heureusement pas aux performances sportives (ne vous étonnez donc pas de trouver dans ces pages les pièces d’échecs et les archets de violons côtoyer, ne fut-ce que brièvement, ballons et dossards….). D’autre part, parce qu’il parait impossible de rester insensible à cette étude alors qu’elle met en jeu notre possible prédestination qui ne tiendrait pas cette fois-ci à des raisons d’ordre religieux, mais bien biologique. C’est donc rien de moins que le destin du genre humain qui semble suspendu à la plume de David Epstein.
Conscient de l’importance de sa mission, c’est de manière très sérieuse que le scientifique rassemble les différentes études traitant de l’inné et de l’acquis à travers le prisme du sport. Etayé d’exemples survolant l’ensemble des disciplines, cet essai oscille d’un pôle à l’autre dans un mouvement de balancier qui nous emporte avec lui. Car s’il se veut sérieux et bien construit, l’ouvrage n’en reste pas moins agréable à la lecture avec ses quelques pointes d’humour et ses nombreuses anecdotes.
En définitive, certains regretteront la neutralité de David Epstein qui ne semble prendre parti pour aucune théorie. De notre côté, nous lui sommes fortement reconnaissants de nous laisser notre propre libre arbitre. Sportifs, c’est donc le cœur et les pieds légers que vous pourrez reprendre vos séances d’entrainement, enrichis de nombreuses réflexions qui vous feront, nous l’espérons, progresser dans votre domaine. Quant à nous autres, non-initiés, c’est la tête bien pleine mais l’âme en paix que nous retournons à nos existences paisibles, avec l’espoir de pouvoir infléchir leur cours en moins de 10 000 heures.