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    Le Fils de Saul et la quête d’humanité

    le fils de saul poster

    Le Fils de Saul

    de László Nemes

    Drame

    Avec Géza Röhrig, Levente Molnár, Urs Rechn

    Sorti le 28 octobre 2015

    Automne 1944, camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Un juif Hongrois, Saul Ausländer (joué par Géza Röhrig), travaille dans un Sonderkommando, un groupe de prisonniers que les allemands mettent à part des autres détenus et dont le travail est de porter les morts des chambres à gaz vers les fours ou les bûchers, de nettoyer la chambre à gaz, de prendre les habits et les affaires de ces derniers, de les trier, et ceci dans un rythme de plus en plus effréné à mesure que les alliés approchent .

    Un jour, Saul découvre parmi une montagne de cadavres jonchant le sol de la chambre à gaz, son fils agonisant.

    Il va alors partir à la recherche d’un Rabbin pour faire le Kaddish, la prière des morts, et lui donner une sépulture. Il va risquer sa vie d’innombrables fois, user de toutes sortes de stratagèmes pour essayer d’accomplir cette mission désespérée qui finit par devenir une obsession en sachant que l’espérance de vie des hommes d’un Sonderkommando ne dépasse pas quelques mois.

    László Nemes dans son premier long métrage s’attaque à un sujet parmi les plus périlleux du cinéma. Comment raconter l’indicible, l’indescriptible ? Comment filmer l’insoutenable ?

    Claude Lanzmann avec son documentaire Shoah en 1985 est arrivé à transmettre l’horreur à l’écran, mais c’est une rare exception. Nemes arrive cependant avec Le Fils de Saul à s’approcher au plus proche de la vérité .

    Dans ce film, pas de cinemascope. Durant une grande partie du film, Nemes utilise les plans serrés, les arrières-plans flous, ou l’indistinctement entrevu comme un corps nu, un uniforme ou alors le dos de sa veste marqué du X rouge des Sonderkommando. Gros plan sur le visage de Saul déshumanisé, son regard fuyant, ultime refuge de son humanité qui refuse de voir l’horreur du quotidien.

    Nemes a travaillé le coté éthique et esthétique de son film. Les images évitent le voyeurisme mal placé, les mises à mort, les brutalités quotidiennes,… Elles se concentrent sur l’histoire personnelle de Saul, son obsession à vouloir enterrer son fils, c’est une question de dignité, une lueur d’humanité dans l’antre de la mort.

    László Nemes s’est inspiré comme base pour le scénario du film du livre Voix sous la cendre, témoignages d’hommes du Sonderkommando qui avaient enterré près du crématorium ce qu’ils avaient vu et vécu avant d’être à leur tour gazés. Il utilise aussi le témoignage du Docteur Miklos Nyiszli, médecin juif hongrois forcé de travailler pour le docteur Mengele et qui raconte l’histoire d’une jeune fille trouvée encore vivante après la chambre à gaz. Un des rares cas connus sur les millions de personnes qui y passèrent.

    L’histoire ne finit pas bien, ce n’est pas La Liste de Schindler. Un prisonnier interpellera Saul à propos de sa mission insensée en lui disant : « Vous avez trahi les vivants pour aider les morts ». Pourtant, sa tâche impossible est la seule manière qu’il a trouvée pour redevenir humain une dernière fois.

    László Nemes a fait un très grand film, à voir absolument.

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