Un thème puissant, une ferveur publique, un succès de presse. Aucun doute : qui y était s’en souvient. La puissance émotionnelle des festivals Mouvements d’identité en 2018, puis Mouvements d’altérité en 2021, restera gravée pour longtemps dans la mémoire des spectateur·rice·s du Théâtre Océan Nord – et dans celle de son équipe. Pourquoi ? Sans doute parce que ces festivals incarnent intensément le pari du Théâtre Océan Nord, depuis son installation au cœur de Schaerbeek en 1996 : proposer des créations exigeantes sans jamais perdre le lien avec l’environnement direct du théâtre.
Ce pari s’incarne tout particulièrement dans le troisième festival que prépare le Théâtre Océan Nord : avec trois spectacles et de multiples « à-côtés » (rencontres, projection, conférence gesticulée, balade sonore,…), le festival Espèces d’Espaces propose de nous interroger ensemble sur les espaces que nous habitons – et qui nous habitent. Tous les jours, nous traversons des lieux et y vivons « notre » histoire. Mais ces espaces ne nous traversent-ils pas, eux aussi, et n’ont-ils pas leur mot à dire ? Le bout de Terre que nous arpentons nous constitue et nous façonne. Et si on laissait l’extérieur nous raconter des histoires ?

Le festival est une invitation à déambuler, par la grâce du théâtre, à travers un autre type d’« exploration spatiale » : il ne s’agit pas d’enfiler sa combinaison pour arpenter les confins de l’univers, mais de réapprendre à ouvrir les yeux sur les espaces que nous foulons – et nous interroger au passage sur ceux que nous voulons.
On n’arrive plus à traverser notre ville comme une ville étrangère. Comment retrouver la curiosité par rapport à des endroits qu’on connaît bien ?, s’interroge Isabelle Pousseur. C’est une des fonctions du théâtre de déplacer les points d’attention. De nous permettre la redécouverte et l’étonnement.
Du quartier Manhattan à Bruxelles en passant par un maquis de Ouagadougou, les créations comme L’Autre Projet de Laure Lapel, Toutes les villes détruites se ressemblent de Bogdan Kikena et Magrit Coulon ou encore Legs (suite) d’Edoxi Gnoula et Philippe Laurent nous invitent à revisiter les espaces que nous traversons – et qui nous traversent. Cette thématique estexplorée et approfondie au travers d’autres évènements : projection, conférence gesticulée, expositions… qui composent le festival.
Plus d’informations sur : https://www.oceannord.org/2024/festival-espece-despaces/