Titre : Le diamant orphelin
Auteur : William Irish
Editions : Folio
Date de parution : 25 mai 2023
Genre : Nouvelles, Policier
William Irish. Tout chez lui, jusqu’à son patronyme, fleure bon la pipe, la rouille et le sang. Son univers est celui des bars new-yorkais, des néons qui grésillent dans des chambres de motel tachées où des policiers trop zélés affrontent des malfrats de pacotille. Chacun veut sa part du gâteau. Son petit quartier de la Grande Pomme. Une constante : le voyou et le flic. Souvent les deux. Et parfois, ils ne font qu’un. Auteur prolifique, William Irish fait converger tout ce beau monde dans les pages de pulp magazines, publications peu coûteuses et très populaires aux États-Unis. Quelque quatre-vingts ans après leur première parution, Gallimard compile huit de ces nouvelles pour le plus grand bonheur des nostalgiques d’une époque aux qualités narratives indéniables.
Dénicheurs de magouilles, faux billets, fabrication d’alibis sur mesure et règlements de compte. C’est un florilège de petits délits en tout genre. Mieux. Une farandole du crime (dés)organisé. Ces personnages se sont un peu tous des bras cassés de la casse. Il y en a toujours un pour se faire avoir. Quoique la justice, même majoritairement triomphante, nous paraît aussi souvent bancale Cette invitation constante de la morale, et ces ambiances enfumées nous plongent pieds et poings liés (même pour les plus innocents) dans un bon vieux film hollywoodien. C’est bourré de raccourcis, mais on adore. C’est téléphoné, mais toujours de la cabine !
Avec Irish, on erre quelque part entre Howard Hawk et Martin Scorsese. Ses personnages ont la gueule d’ange d’un James Stewart et le bagout d’un De Niro. D’ailleurs, on n’est pas les seuls à avoir déniché dans ses histoires quelques attributs du cinéma. Son écriture passe bien à l’écran. La preuve ; c’est lui qui a rédigé la nouvelle à l’origine du cultissime Fenêtre sur cour de Hitchcock et de La Mariée était en noir de Truffaut. Simple mais efficace. Jouissif même à certains endroits. Les dénouements sont grotesques. Irish, avant de connaître lui-même une fin tragique de gangrène et d’alcoolisme, regarde avec tendresse et bienveillance ses personnages essayer de se sortir du merdier dans lequel il les a foutus.