« Le Comte de Monte-Cristo », carte postale

Le Comte de Monte-Cristo
de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière
Aventure, Historique
Avec Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier
Sortie en salles le 28 juin 2024

Nouvelle offensive des films Pathé pour relancer le cinéma de grand spectacle hexagonal, Le Comte de Monte-Cristo charrie l’écrasante responsabilité de raviver les espoirs déçus par l’échec commercial du diptyque Les Trois Mousquetaires sorti l’année dernière. Déjà scénaristes des aventures de D’Artagnan, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte rempilent à l’écriture, en plus d’assurer cette fois-ci la réalisation. L’équipe et l’ambition sont inchangées : proposer une fresque historique au souffle romanesque, adaptée du fleuron de la littérature française.

Centré sur le personnage d’Edmond Dantès, jeune marin victime d’une machination mû par une soif de vengeance que seul le sang pourra étancher, cette nouvelle incursion dans l’univers d’Alexandre Dumas a le mérite d’être plus resserrée. Là où la multiplication des personnages des mousquetaires rendait le récit poussif, ici, la trajectoire rectiligne du Comte de Monte-Cristo offre une clarté bienvenue dans la narration. Ce n’était sans doute pas chose aisée puisque le roman, publié en six volumes, totalise prêt de deux mille pages et autant d’intrigues et personnages secondaires, dans lesquels il a fallu trancher.

Cependant, si l’on ne s’ennuie pas, force est de constater que l’on ne s’amuse pas beaucoup non plus. Pétri d’une déférence que d’aucun pourrait voir comme de la peur, l’ensemble du métrage semble pris dans un glacis joli (les décors et les costumes sont très beaux) mais moribond. De La Patellière et Delaporte signent un film poli (trop) dont la timidité étouffe le romanesque tragique du matériau d’origine. Leur mise en scène générique et sur-découpée, assortie d’une musique omniprésente, fait souvent écran au récit qui prend des allures de visite au musée, voire même de boutique souvenirs – le film flirte souvent avec la carte postale. En témoignent ces innombrables paysages filmés au drone qui ne dépareilleraient pas dans Des Racines & Des Ailes, mais échouent eux aussi à insuffler un peu de cinéma dans cette vengeance incolore.