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     Le complot du quotidien au Brigittines : la vengeance de l’homme invisible

    De Karine Ponties, Cie Dame de Pic. Avec Arès D’Angelo, Mar­ti­na Mar­tinez Barjacoba. Du 28 mars au 1er avril 2023 aux Brigittines.

    Un homme, torse nu en pantalon de pyjama, se déplace sur le plateau, le regard interrogateur, en faisant de petits gestes. Un autre homme arrive, en vêtements de ville, l’air perdu. Il traverse l’espace et disparaît, tandis que le premier se lance dans une gestuelle plus radicale avant d’aller se terrer dans un coin d’ombre.

    Le deuxième homme revient. « Je fais moins de bruit, dit-il. C’est important le bruit, c’est comme cela que je sais que je suis là ». Il déroule un monologue plaintif autour du fait qu’il est indétectable, qu’on ne l’appelle plus, que tout disparaît en concluant : « je passe inaperçu ».

    Une porte s’ouvre en fond de scène. Une femme apparaît, un verre à la main. Le premier revient à son tour. Ils forment manifestement un couple qui dresse une table pour le petit déjeuner en plein air. Mais les choses ne se déroulent pas vraiment telles qu’elles devraient. Une chaise tombe, une tasse de café se renverse, le biscuit que l’on vient de déposer sur la table n’y est plus…

    L’homme et la femme ne le voient pas mais c’est l’homme indécelable qui leur joue ces tours qui leur pourrissent la vie. Ils ne s’inquiètent pas outre mesure de cette avalanche d’accidents du quotidien qui se poursuit dans la salle de bain, sur la passerelle où l’on met pendre le linge et jusque dans la chambre à coucher.

    La chorégraphe Karine Ponties puise son inspiration dans le quotidien qui nous cerne et nous encombre et transforme toutes les contrariétés qui y pullulent en un véritable complot. Il y a du Georges Perec dans cette façon d’envisager le monde de façon méthodique et avec humour. « Vivre, c’est passer d’un espace à un autre en essayant de ne pas se cogner », écrit l’auteur dans un de ses livres.

    Et, justement, la circulation des trois interprètes est fluide – à aucun moment, ils n’entrent en collision – et cocasse. La scénographie très esthétique est aussi remarquable par son ingéniosité : la maison (manipulée par régisseur) pivote sur elle-même pour présenter à la vue ses différentes pièces. La chorégraphie de ces gestes de la vie courante est portée par Ares D’angelo et Martina Martinez Barjacoba avec puissance et précision.

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