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    Le commun des mortelles, « on ne naît pas femme, on en meurt »

    Titre : Le commun des mortelles, faire face au féminicide
    Auteur.ice : Margot Giacinti
    Edition : Divergences
    Date de parution : 21 février 2025
    Genre du livre : Essai

    « Ni una menos ». En 2015, des manifestantes d’Amérique Latine se rassemblent massivement pour lutter contre la récurrence des féminicides dans la région. Le collectif argentin éponyme scande ces trois mots comme un appel à la sororité. Un appel à refuser la systématisation des crimes sur les femmes. Le mouvement gagne du terrain et s’expatrie jusqu’en Europe. Un cri qui devient l’emblème d’une révolte. Au même titre que le sera plus tard #MeToo et « Un violador en tu camino ».

    Si le terme féminicide est aujourd’hui communément employé, et de plus en plus reconnu comme ne désignant pas seulement le meurtre de femmes, mais aussi le caractère systémique de ces meurtres, le combat fut loin d’être facile. C’est pourquoi, Margot Giacinti introduit Le commun des mortelles par une étude de l’évolution sémiologique du terme. Si le fait social existe depuis aussi longtemps que les mécanismes de domination de genre, c’est la naissance du féminicide en tant que concept qui questionne l’autrice, en ce qu’il témoigne d’une prise de conscience.

    Une première vague de dénonciation prend forme dès le XIXème siècle. On confond alors facilement féminicide et crime passionnel, terme qui, parce que circonstancié, pardonne plus facilement aux hommes le meurtre de leurs femmes. La vision asymétrique des devoirs maritaux fait payer aux épouses un lourd tribut que signalait déjà à l’époque la militante Hubertine Auclert. Il faut ensuite attendre les années 70 pour que le féminicide soit étudié comme un fait structurel. Le féminicide ne peut se définir comme un simple crime car il s’inscrit dans l’organisation patriarcale de la société. Le féminicide est le meurtre systématique des femmes, ciblées de par leur genre, et négligées parce que la justice et les médias appartiennent à la sphère masculine.

    Après s’être penchée sur l’histoire d’une théorisation des féminicides, Giacinti contextualise sa pensée. Cinq cas pratiques ayant pour seule similitude leur localisation, en l’occurrence la ville de Lyon où l’autrice a écrit sa thèse, enrichissent le propos de nouvelles composantes. On peut par exemple déduire de ces actes meurtriers très différents les uns des autres, la désinvolture des pouvoirs publics. On peut également constater, contrairement aux idées reçues, la non-passivité des victimes. Ainsi que les mécanismes de résistance collective.

    Le commun des mortelles s’attache à dresser un portrait relativement large de l’évolution du féminicide comme fait politique, et ce, en l’exemplifiant. C’est aussi bien un hommage nécessaire aux femmes qui subissent encore trop souvent la violence, parfois mortelle, des hommes qu’un appel à la débanalisation de l’acte. La doctorante résiste à la tentation d’une écriture inutilement complexe. Son propos est limpide. Agréable à lire. Et bien compartimenté. Quoique parfois un peu académique.

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