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    Le cœur au ventre : immersion chez un couple de collectionneurs d’art brut

    Entrer dans l’univers d’un collectionneur d’art brut, tel est le sujet de la nouvelle exposition du musée Art et Marges intitulée Le cœur au ventre.

    Dans l’intimité d’un couple de collectionneurs

    Cette exposition immersive amène le visiteur à la rencontre du couple de collectionneurs Marion et L. Oster. Rapprochés par leur passion pour un art qui sort des sentiers battus, ils rassemblent leurs collections pour n’en faire qu’une qu’ils agrandissent au fil du temps. Pour Le cœur au ventre, le couple a amené ses œuvres ainsi qu’une partie de son mobilier d’appartement de Lyon jusqu’au musée Art et Marges de Bruxelles.

    Appartenant à l’art africain, haïtien, brut, naïf, vaudou ou encore religieux, les œuvres forment un ensemble hétéroclite harmonieux duquel on ressent toute l’affection que ses propriétaires leurs portent. Pour L. Oster, l’action de collectionner l’art lui permet de se sentir plus vrai, d’être chamboulé par l’art, une émotion un peu forte, tribale et primale. Le plus important pour Marion, elle-même artiste, c’est le dialogue, l’échange entre les collectionneurs et l’œuvre ou l’artiste.

    Lubos Plny, coll. Oster, ©photo Annabel Sougné/Art et marges musée
    Lubos Plny, coll. Oster, ©photo Annabel Sougné/Art et marges musée

    Un ensemble hétéroclite mais cohérent

    Dès que l’on pénètre dans l’exposition on est frappé par un sentiment mitigé, d’une part parce que l’on entre dans l’intimité du couple, et d’autre part parce que l’imposante collection s’expose sur la quasi-totalité des murs, au sol ou encore dans la vaisselle. Comme souvent dans l’art brut, la notion de détail et de minutie est présente dans certaines pièces, souvent très colorées ou dans les tons bruns pour tout ce qui est art africain, haïtien ou vaudou.

    L’espace est divisé en plusieurs parties : l’entrée, la chambre, le salon et la salle à manger. On est bien loin de la scénographie classique des musées, ici tout l’espace est comblé, rempli d’œuvres souvent très détaillées. Aucun cartel n’est présent. Un plan et des informations concernant les artistes sont regroupés dans le dépliant proposé à l’entrée du musée.

    Quelques œuvres au détail

    La dernière œuvre que l’on voit avant de passer à l’étage est une composition d’une vingtaine de peintures à l’acrylique. En grand format et de couleurs vives, les images représentent des cartes de tarot peintes par Yves Jules-Fleuri. Celui-ci est passionné par la représentation de membres de familles royales ou présidentielles du monde entier qu’il réinterprète en jouant sur les détails des images. Le trait noir qui délimite le contour des formes et les couleurs presque criardes qu’il utilise démarque son travail du reste de la pièce.

    Vue d’ensemble, Yves Jules Fleuri coll. Oster, ©photo Annabel Sougné/Art et marges musée
    Vue d’ensemble, Yves Jules Fleuri coll. Oster, ©photo Annabel Sougné/Art et marges musée

    ACM réalise des sculptures faites de matériaux récupérés dans les machines à écrire, transistors, réveils, etc. Elles subissent une oxydation et sont passées à l’acide afin de leur donner un aspect plus neutre. Ses petites architectures sont complexes, remplies de détails, comportent des personnages ou des animaux et atteignent parfois un aspect organique. Peu favorable au système d’exposition de l’art, ACM ne communique pas sur son travail et c’est sa femme qui fait le lien entre lui et le monde artistique. Son travail est aujourd’hui reconnu internationalement.

    Une partie des œuvres de la collection du musée est exposée à l’étage, selon un schéma de monstration plus académique. Le lieu est pensé comme un espace de respiration, à contrario du rez-de-chaussée, où les œuvres peuvent donner un sentiment d’oppression, avant de découvrir le travail de Caroline Dahyot qui crée une œuvre in situ. Invitée par le musée, elle transforme une pièce en une œuvre totale, comme un refuge face au monde extérieur. Des dessins sur tissus sont accrochés aux murs et au plafond, le sol est recouvert d’un immense dessin et l’espace est occupé par quelques meubles.

    vuedensemblebureau coll. Oster, ©photo Annabel Sougné/Art et marges musée
    vuedensemblebureau coll. Oster, ©photo Annabel Sougné/Art et marges musée

    On ressent dans la collection de Marion et L. Oster toute l’attention et l’affection qu’ils portent à cet art riche et particulier qu’est l’art brut. Le coeur au ventre offre une vision de l’art brut dans une scénographie semblable à lui-même : simple, direct, et sans frontières.

    Infos pratiques

    • Où ? Musée art et marges, rue Haute 314, 1000 Bruxelles.
    • Quand ? Du 13 février au 7 juin 2020, du mardi au dimanche de 11h à 18h.
    • Combien ? 4 EUR. Différents tarifs réduits disponibles.
    Anaïs Staelens
    Anaïs Staelens
    Responsable de la rubrique Arts/Expos Journaliste du Suricate Magazine

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