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    Le Club des Prédateurs

    Bogeyman

    Scénario : Valérie Mangin
    Dessins : Steven Dupré
    Editions : Casterman
    Sortie : 27 janvier 2016
    Genre : Thriller franco-belge

    Ah ! les bas-fonds londoniens du dix-neuvième siècle ! Combien d’histoires, comme Le Club des Prédateurs aujourd’hui, ne trouvent pas leurs origines dans cette ambiance poisseuse et misérabiliste ? Et pour ajouter du sordide à l’horrible, The Bogeyman s’ouvre sur une scène de pendaison à laquelle une petite fille assiste, entre l’émerveillement et le dégout. Bref, le ton est donné d’emblée, comme si les auteurs avaient voulu nous dire : « Lecteur, si tu n’as pas l’estomac bien accroché, referme tout de suite cette BD. »

    Le quatrième de couverte nous annonce d’emblée que Le Club des Prédateurs est un thriller. Une info bonne à prendre, car au bout d’une vingtaine de planches, on croirait plutôt avoir entre les mains un récit dérangeant prenant pour trame de fond les inégalités sociales et la lutte des classes en pleine ère de révolution industrielle. En effet, la narration se focalise tantôt sur une famille d’aristocrates, tantôt sur des gamins des rues, livrés à la pauvreté et à la délinquance. Il faut dire que l’intrigue met un certain temps à se mettre en place, et les gamins des rues parlent avec insistance du Bogeyman (alias le fameux croque-mitaine pour les francophiles), un peu comme les gosses de chez nous parleraient du grand méchant loup. Pas besoin d’avoir le nez super fin pour flairer qu’il y aura anguille sous roche avec ce fameux bogyman puisque c’est le titre que porte le premier tome de ce diptyque !

    Mais comment vous en dire davantage sans et rendre un peu mieux compte de cette instigue sans vous gâcher le plaisir de la découverte ? Nous allons nous y tenter en vous promettant toute la prudence du monde !

    Si jusqu’ici, on avait affaire à une œuvre en tout point semblable au premier tome de la saga de Peter Pan signée Loisel, la deuxième partie de l’ouvrage va progressivement s’en écarter pour mieux s’enfoncer dans un imaginaire encore plus sombre et malsain. Aux malheurs d’Oliver Twist s’ajouteront les mésaventures d’Eyes Wide Shut et des monstruosités dignes de Barbe Bleue. Autant dire qu’on nage en plein cauchemar – qui l’aurait cru, de la part d’auteurs connus pour Alix Senator et Kaamelot ? Un cauchemar porté par des dessins très réussis aux couleurs verdâtres mêlées de noirceur, tandis qu’à chaque planche s’écoule une grisaille pluvieuse.

    Ivan Sculier
    Ivan Sculier
    Journaliste du Suricate Magazine

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