Titre : Le café sans nom
Auteur : Robert Seethaler
Edition : Folio
Date de parution : 9 janvier 2025
Genre du livre : Roman
Avec Le Café sans nom, Robert Seethaler retourne à ses origines viennoises pour dresser le portrait d’un quartier populaire en 1966. À travers l’histoire d’un café sans enseigne et de ses habitués, il signe un roman sobre et profond sur les vies modestes et le temps qui passe.
Nous sommes plongés au cœur d’une Vienne encore marquée par les cicatrices de la Seconde Guerre mondiale, où s’esquisse timidement un renouveau. En 1966, Robert Simon, employé journalier sur le marché des Carmélites, réalise un modeste rêve : redonner vie à un café abandonné. Sans nom, car « Tout compte fait, le Danube existait avant que quelqu’un l’appelle Danube. Alors, ton café restera sans nom et c’est très bien comme ça », le bistrot devient un havre pour les habitants du quartier, un lieu de rencontres où les petits bonheurs, les solitudes et les conversations anodines tissent la trame de vies ordinaires.
Seethaler, avec sa plume délicate et précise, capture l’essence des êtres qui peuplent le café. Simon lui-même incarne une discrétion et une humilité qui reflètent l’esprit du lieu. Il consacre sa vie à ce projet et aux gens qui finissent par échouer à son café, y trouvant un sens et une famille de substitution. Parmi ses habitués, on croise des travailleurs harassés, des âmes esseulées et des personnages en quête d’un peu de chaleur humaine. Certains ne font que passer, et d’autres viennent et ne repartent plus, comme Mila, une jeune couturière qui deviendra le visage tendre et souriant du bistrot. Avec ses mots, Seethaler brosse un portrait poignant de ces hommes et femmes, parfois écrasés par le poids de leur quotidien et de leurs drames, mais portés, toujours, par une dignité intacte.
Le café sans nom deviendra un microcosme du quartier, traversé par un monde en mutation. Tandis que Vienne se transforme, ce petit havre de convivialité résistera un moment à l’inexorable marche du changement.
À travers cette chronique douce-amère, l’auteur célèbre la beauté des choses simples et surtout des liens humains. Le Café sans nom est un hommage à la Vienne des années 60, oui, mais c’est aussi une réflexion intemporelle sur la fragilité des communautés et la résistance des petites gens face au changement. Un roman imprégné d’une humanité profonde, où la tendresse pour les invisibles s’affirme avec douceur.