auteur : Andrea Maria Schenkel
édition : Actes Sud
sortie : avril 2018
genre : roman
Ratisbonne 1938. Le climat politique s’assombrit insensiblement en Allemagne. Consciente de la tournure effrayante que prend son pays, Grete Schwarz cherche à éloigner sa famille pour un temps en partant pour Shanghai. À contrario, son mari Erwin Schwarz, déplore l’idée d’abandonner sa patrie. Lui qui la défendait encore quelques années auparavant, il ne peut croire qu’il est à présent considéré comme détracteur. Munich 1938. Erna est envoyée chez sa tante Marga. Fervente défenseuse du NSDAP, celle-ci va apprendre à sa nièce les rudiments des “faiseuses d’anges”. Larchmont 2010. Le passé appartient au passé, et ça Carl Schwarz ne le sait que trop bien. Tout ce qui compte à présent, c’est Emmi, celle qui partage sa vie depuis plus de soixante ans. Et pourtant, l’étrange appel d’un homme mandaté par le musée de l’Holocauste va faire resurgir de biens sombres secrets.
Connue pour son célèbre roman policier La ferme du Crime, Andrea Maria Schenkel va cette fois-ci concevoir Le bracelet à la manière d’une brillante épopée historique. La première partie du récit s’attache à suivre la famille Schwarz dans leur voyage jusqu’à Shanghai. C’est avec une vive allégresse que l’on suit les mésaventures de Carl et Ida Schwarz, d’Otto et Eleonore, de Grete et les autres à bord du Conte Bianca Mano. Si le style d’écriture est assez plat et la progression d’intrigue précautionneusement lente, l’auteure s’adonne à restituer, à l’inverse, le Shanghai de 1938 avec une grande précision. Une jolie prouesse qui sert l’histoire de manière inaccoutumée.
Bien que cette première partie du récit soit solidement ficelée, l’avancée de l’intrigue devient rapidement déroutante au fur et à mesure de l’apparition de nouveaux protagonistes. De Shanghai à Munich en 1938 jusqu’à Larchmont en 2010, le récit est construit comme un véritable puzzle. Vous l’aurez compris, l’histoire est dense, et ce n’est qu’au bout des quelques dernières pages que le casse-tête se dénoue pour laisser place au twist final.
Malgré cela, Le bracelet reste une saga audacieuse qui nous immerge non sans peine dans l’une des périodes les plus obscures de notre histoire.