Autrice : Gwenaëlle Aubry
éditions : L’Iconoclaste
sortie : janvier 2016
genre : biographie
En lisant Lazare mon amour, vous vous plongerez dans la brève existence de la grande poétesse Sylvia Plath. De son enfance douloureuse durant laquelle elle a perdu son père, à sa vie d’adulte emplie de nombreux épisodes de dépression, en passant par sa première tentative de suicide à l’adolescence.
Sylvia Plath ambitionnait de vivre toutes les vies. Et à force de vouloir poursuivre cette chimère, elle en a oublié de vivre la sienne et s’est laissée écraser et emprisonner dans un carcan familial américain très traditionnel. Alors qu’au plus profond de son être, elle désirait toujours plus. Plus que cette vie de femme soumise des années 50, admirative du succès de son poète de mari, Ted Hughes, alors qu’elle-même n’essuyait que des revers professionnels. Dactylographiant les poèmes de son cher et tendre tout en élevant leurs deux enfants. Soumettant ses écrits au préalable à son époux afin d’obtenir son aval pour les envoyer à un éditeur. Essayant de garder la tête haute tandis que Ted Hughes la quitte pour une autre femme. Bien sûr on ne peut pas attendre d’une telle existence un sentiment d’épanouissement personnel ni de bien-être. La vie de Sylvia Plath, n’est pas un Disney où tout le monde chante niaisement jusqu’au happy end. Il faut ajouter à cela un schéma parental difficile à briser avec pour conséquence la reproduction de ce que sa propre mère a elle-même vécu : un mariage précoce avec un homme à forte personnalité et une abnégation totale ; une bonne dose de frustration par-dessus le marché.
Heureusement, la persévérance étant l’une de ses forces, Sylvia Plath était très prolifique et a laissé derrière elle un roman ainsi que de nombreux poèmes, nouvelles et essais, ses écrits étant pour la plupart autobiographiques. La boîte à souhaits, 3 femmes, L’oiseau de panique… tous évoquent des instants de son existence. Chaque fois des moments douloureux. Ses enfants qui n’ont jamais été un frein à sa production littéraire l’ « obligent » à aller bien. Même cela finit par devenir un obstacle. Anecdote assez significative dans ce portrait brossé par Gwenaëlle Aubry, une des personnalités que Sylvia Plath admirait le plus était Virginia Woolf, autre célèbre auteure mélancolique, bipolaire et suicidaire.
Ainsi, une question intemporelle subsiste : pourquoi nombre d’artistes sont-ils toujours aussi torturés ? Le spleen est-il gage de qualité artistique ? Sylvia Plath aura tenu jusqu’à ses 30 ans, plus que Kurt Cobain mais malheureusement moins que Barbara Cartland. Elle choisira de se mettre la tête dans le four pour abréger son existence.
Vous l’aurez compris, ce livre n’est pas recommandé aux personnes n’ayant pas la pêche. Néanmoins, pour les amateurs de biographies, celle-ci est toute particulière. En raison de son court contenu (76 pages) et de son survol concis de l’univers de Sylvia Plath, Gwenaëlle Aubry en a également fait un spectacle littéraire dans lequel elle lit ce texte dans son intégralité en étant accompagnée de musiciens. Cet ouvrage est une belle introduction à la vie de Sylvia Plath pour celles et ceux qui ne connaissent ni la vie, ni l’œuvre de l’Américaine. Pour les inconditionnels, il est cependant nécessaire de s’abreuver à d’autres sources.