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    L’autoédition : Parcours rêvé d’un écrivain en quête de liberté ?

    Pour de nombreuses personnes, les confinements successifs ont été synonymes de réflexion, d’introspection, prise de conscience, réorientation ou reconversion professionnelle, réalisation d’objectifs ou de souhaits divers, … Pendant cette période, nous avons également assisté à un afflux des « bucket list » (listes de rêves ou de vie) sur les réseaux sociaux.

    Parmi les rêves les plus fréquemment évoqués revient celui d’écrire et publier un livre. Souhait inaccessible pour la plupart d’entre nous il y a encore quelques années, il s’est largement démocratisé grâce à l’avènement des blogs et autres sites de fanfiction puis d’Amazon Kindle Direct Publishing notamment. Chaque année, de plus en plus d’auteurs sont tentés par l’autoédition et rêvent de reproduire les succès d’E.L James (Cinquante nuances de Grey), Agnès Martin-Lugand (Les gens heureux lisent et boivent du café) ou encore Aurélie Valognes (Mémé dans les orties).

    L’autoédition offre de multiples avantages tels que la liberté mais aussi beaucoup de contraintes. Si le fait d’être édité par une maison d’édition résulte d’un parcours du combattant, l’autoédition est loin d’être une promenade de santé. En effet, ne bénéficiant pas de l’appui d’une maison d’édition, l’auteur doit se muer en correcteur, graphiste, responsable du marketing, community manager, …

    Afin d’analyser le processus et les différentes étapes de l’autoédition, nous avons interviewé Isabelle Perée, jeune autrice passionnée et passionnante, qui a récemment publié son premier livre intitulé Sous l’escalier chez Le Livre en Papier.


    Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter et décrire brièvement votre parcours ?

    Isabelle Perée : Oui, bien sûr, j’ai un parcours d’études plutôt atypique car j’ai d’abord travaillé comme éducatrice spécialisée pendant plus de dix ans avec des enfants dans le secteur parascolaire. J’ai ensuite été formatrice en français auprès de personnes migrantes. Au début de la trentaine, j’ai voulu reprendre des études et me suis inscrite à l’Université de Strasbourg qui me permettait, tout en travaillant, de poursuivre un cursus universitaire. D’année en année, je me suis passionnée toujours plus et j’ai entamé un doctorat en Sciences des Religions. Je suis aujourd’hui patrologue, donc je travaille sur les textes des évêques du haut moyen-âge en les situant dans le contexte historique de l’époque. J’ai écrit quelques articles et un livre paru aux éditions Parole et Silence. Malheureusement, les subventions étant rares en ce moment dans le domaine littéraire, je suis un peu inoccupée. C’est pourquoi je me suis tournée vers l’écriture dans un tout autre registre.

    Comment est née votre passion pour l’écriture ?

    I.P. : J’ai toujours écrit. A 8 ans déjà, je tenais des cahiers et des journaux qui me suivaient partout. Plus tard, vers l’âge de 20 ans, j’ai fait partie du groupe des jeunes littéraires d’André Blavier, célébrissime directeur de la bibliothèque de Verviers et écrivain. Son épouse Odette et lui m’ont beaucoup appris sur le plan de l’écriture. J’ai tenté ma chance quelques fois à l’époque chez les grands éditeurs mais je n’ai jamais été retenue. « Pas assez de descriptions ! » me disait André Blavier. J’ai arrêté quelques années pendant mes études et ma vie professionnelle, mais je ne me suis jamais découragée. Sur le conseil d’une amie, et de mon ancienne directrice de recherche, je me suis remise au roman et j’ai soumis mon livre.

    Pourquoi avez-vous choisi l’autoédition ? Aviez-vous préalablement contacté des maisons d’édition ?

    I.P. : Pour être honnête, je ne savais pas qu’il existait plusieurs formules d’édition. L’édition à compte d’éditeur, l’édition à compte d’auteur, l’édition participative et l’autoédition. Personnellement, c’est ma cousine Ghislaine Jermé (également autrice de plusieurs romans disponibles chez Le Livre en Papier) qui, ayant appris que j’écrivais aussi, m’a conseillée de m’adresser au Livre en Papier qui est son éditeur depuis plusieurs années.

    Vous avez édité votre livre au format papier. Etait-ce une envie de votre part ?

    I.P. : Ah oui ! Quand il s’agit de lire ou d’écrire, je reste assez conventionnelle. J’aime tenir un livre en main, le respirer (hé oui !), tourner les pages et le classer ensuite dans ma bibliothèque parmi mes nombreux autres livres. Mais il m’arrive aussi de lire sur ma tablette. C’est très pratique pour partir en vacances, ça évite d’encombrer sa valise et de l’alourdir. C’est aussi très utile quand on habite un petit appartement et que l’on n’a pas la possibilité d’avoir de grandes bibliothèques. Les systèmes Kindle ou autres permettent parfois de stocker des centaines de livres, il est évident que cela peut-être très pratique. J’ai des amis qui ne lisent plus que sur tablette.

    Quels sont les avantages et inconvénients de l’autoédition ?

    I.P.: Je pense que je vais seulement les découvrir car je n’en suis qu’au début. Ce que je perçois déjà c’est que sur le plan des avantages, l’autoédition est gratuite. L’éditeur prend en charge l’impression des livres et vous attribue un numéro ISBN. Il se charge aussi de vous faire connaître chez les libraires qui vous ajoutent à leur liste d’auteurs. Je pense aussi que les bénéfices de vente des livres sont plus généreux pour l’auteur car l’éditeur n’imprime que les livres commandés donc il a moins de charges. Sur le plan des inconvénients, c’est l’auteur qui doit faire lui-même sa promotion et se charger le plus possible de la vente de ses livres. Tout lui est possible ; expositions, marchés, vente sur les réseaux sociaux, site personnel, interviews, …  mais il faut y travailler sans cesse au risque d’embêter les gens. Ce n’est pas toujours facile, ça dépend du caractère de chacun. Les débrouillards vendront davantage que les timides.

    Comment avez-vous géré concrètement la fabrication de votre livre ? Avez-vous fait appel à des aides pour la mise en page, la couverture,…

    I.P. : C’est mon premier livre, j’y suis donc allée sur la pointe des pieds en retravaillant et en floutant une photo trouvée sur internet. Il existe des services proposés par l’éditeur pour les couvertures (dessins, couleurs, mise en page) de même qu’il en existe pour la relecture et les corrections. Ces différents services sont payants. Dans un premier temps je préférais me débrouiller seule. On verra pour le suivant. J’envisage éventuellement de demander de l’aide à des amies dessinatrices pour la couverture.

    Êtes-vous conseillée pour la promotion de votre premier livre ?

    I.P. : Non, pas jusqu’à présent. J’attends déjà de recevoir mes premiers exemplaires car c’est le tout début pour moi. L’éditeur a une page Facebook où les auteurs peuvent s’inscrire pour échanger et glaner des conseils. Les plus anciens conseillent les nouveaux. C’est un bon système car rien ne vaut l’expérience des « anciens » pour apprendre. En ce qui me concerne, j’ai la chance d’avoir ma cousine qui me sert de « marraine d’écriture. » Je pense aussi, sur son conseil, faire un blog dans les prochains jours pour aider à la promotion de mon livre et, je l’espère, des suivants.

    Avez-vous rencontré des difficultés au cours des différentes étapes de l’autoédition ?

    I.P. : Non, aucune, si ce n’est au moment de la soumission du livre car les formats sont imposés, de même que les mise en page, ce qui peut être un peu déroutant la première fois. Heureusement, nous avons une personne qui vérifie tout cela aux Editions du Livre en papier, qui est très patiente et qui vous dirige doucement vers les corrections à effectuer jusqu’à ce que ça soit correct.

    A présent, pourriez- vous nous parler de votre premier livre intitulé Sous l’escalier ?

    I.P. L’idée des personnages m’est venue un soir chez moi, puis revenait de manière assez obsessionnelle jusqu’à ce que je comprenne qu’il fallait que je parle d’eux. Certains d’entre eux existent ou ont existé. L’histoire, elle, est fictive. J’ai toujours aimé les ambiances à huis-clos du style de certains romans d’Agatha Christie où tout se passe dans le dialogue et dans l’atmosphère que ceux-ci génèrent.

    Je n’ai pas vraiment élaboré un plan pour l’écriture, j’ai suivi mon instinct, mes émotions. Pour être honnête, le rebondissement final m’est venu assez tard dans la tête. Même si la fin est finalement assez rationnelle, on verra dans la suite que je laisse des portes ouvertes sur une réflexion personnelle. Il y a des zones d’ombre dans nos propres vies et dans mon roman aussi. C’est à chacun de les exploiter à la fin du livre. Qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce que la mort ? Finalement sommes-nous sûrs que c’est nous les vivants ? Ce seront les questions de Ferdinand, mon personnage principal, dans le tome 2 qui est en préparation. J’aime bien cette navigation entre la réalité et le fantastique, entre le rationnel et l’irrationnel. Ca booste ma créativité. Je pense, d’après les retours des premiers lecteurs, que tous, ont apprécié cela, en plus de la bienveillance de mes personnages. Nous avons besoin d’un livre qui ne stresse pas et qui ouvre à la réflexion. Divers thèmes sont abordés dans l’ensemble des deux tomes : Immigration, racisme, homosexualité, drogue, suicide. Je pense que beaucoup peuvent se retrouver dans les situations relatées dans mon roman. J’essaie également d’y mettre de l’humour, ça aide à faire passer les choses âpres car nous avons besoin de rire.

    Si demain on vous proposait un contrat avec une maison d’édition, que décideriez-vous ?

    I.P. L’avantage et la grande ouverture de mon éditeur est qu’il accepte qu’un autre éditeur réédite votre livre. Il ne garde pas l’exclusivité. Il me semble logique d’accepter un contrat si celui-ci est en phase avec ce que j’en attends, en ce qui me concerne, une édition à compte d’éditeur exclusivement.

    Avez-vous un dernier mot ou conseil pour quelqu’un qui hésiterait encore à se lancer dans cette grande aventure ?

    I.P. Je lui dirais de foncer. Celui qui écrit, ne le nions pas, a très envie de partager ses émotions avec les autres. Car il s’agit bien d’émotions, n’est-ce pas ! J’ai une amie qui écrit très bien et qui, je pense, fera également le pas très prochainement dans la même maison d’édition. Je l’y encourage.

    Nous tenons à remercier vivement Isabelle Perée pour cet entretien particulièrement intéressant et inspirant. Son premier roman Sous l’escalier est disponible sur le site Le Livre en Papier.

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